
V I.
Saine Emiiien,
faint Donat.
Afta S\S. Ben.
to. J. p. 1 0 j.
J 4 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u è .
Dans le même tems vivoit en Efpagne un fameux
folitaire nommé Emiiien , & furnommé C u culla t,
apparemment à caufe de fon habit. Il étoit de bafle
naiiïance , & après avoir quelque tems gardé les brebis
, il fe mit fous la difcipline d ’un hermite nommé
Félix, puis il retourna à Vergege petite ville d’Arra^
gon , alors du diocefe de Tarafone ou Tmrifôhe,
aujourd’hui Calahorre. E'nfuite il fe retira dans le
fond des montagnes voifines, appellées Difterces, &
y pratiqua la vie monaftique pendant quarante ans.
Didyme évêque de Tarafone le tira de fa folitude
pour l’ordonner prêtre , & lui donna la conduite de
l ’églife de Vergege ; mais fes grandes aumônes donnèrent
prétexte à quelques clercs de l’accufer, comme -
un diffipateur des biens de l’églife -, & levêque jaloux
de la vertu d’Emilien , écouta leurs plaintes, &
le renvoïa dans fa folitude. Il y vécut encore long-
tems, faifant un grand nombre de miracles, & édifiant
par fës difeours tous Ceux qui le venoient voir.
I l vécut cent a n s , & mourut comme l’on croit l’an
j7 4 - ' Sa vie fut écrite dans le ficcle fuivant par faint
Braulion évêque de Saragoce , fur le rapport de ceux
qui en avoient été témoins. L ’églife honore fa mémoire
le douzième de Novembre. Ses reliques font
gardées dans le monaftere appellé de fon nom faint
Milan de la Cogella,fitué à trois lieues de Najare.
Dans une autre partie d’Efpagne & vers la mer Mc-
Martyr. R. it .
ïi.tcvtr.m.c.}. diterranée, vivoit aulii4!). D o n a t, qui palfoit dans le
fiecle fuivant pour avoir apporté le premier en E fpagne
l’obfervance & la regie monaftique. Ilfu td ifc i-
ple d’un hermite en Afriq ue , & y gouverna lui-même
une grande communauté. Mais voïant le païs menacé
Ni
L i v r e t r e n t e - q u a t r i e ’ m e ; 541
de la violence des barbares, foit des Vandales Ariens,
foit des Maures Païens, il craignit que fon troupeau nç
fût diflïpé ; s’embarqua & palfa en Efpagne avec environ
foixante &c dix moines ôc grand nombre de livres.
Il y fut affilié par une femme illuftre & vertueufe,
nommée Mincée ou Minchée, & fonda le monaftere
de Servit près de Chative aiuroïaume de Valence. Il
étoit fameux par fes miracles feus l’empereur JuftiiV'
le jeune , & eut pour fucceffieur Eutrope , qui étoit
en grande réputation dès la fécondé année de Mau-
rice. Il fut depuis évêque de Valence ; & on a voit IlluM '
deux lettres de lui, l’une à Licinien évêque de Cartha-
gene,ou il lui demandoit pourquoi on donnoit l’onction
du crème aux enfans baptifez : l’autre à Pierre
évêque d’Iturbique, touchant la difcipline monaf- cod.ng.to.3.
tique. Nous avons cette derniere, où il répond àceux ¡¡1
qui l’accufoient de trop de rigueur , en difant qu’il
ne fait que maintenir l’ufage qu’il a trouvé dans fon
monaftere, & qu’ùn petit nombre de moines fervçns,
vaut mieux qu’un grand nombre de relâchez.
En Gaule le roi Sigcbert incontinent après fon ave- vn.
nemerit à la couronne rappella faint Nicet évêque de Ni« “ dcs jrÎT/
T re v e s , que le roi Clotaire fon perc avoit envoie Grtg. vit. rPj
en e x i l , parce qu’il l’avoit excommunie; plufieurs c' l7‘ *•
fois pour Tes injuftices; Mais Sigebert ne voulut
prendre poifeffion defonroïaume quavécles bonnes
grâces d’un fi grand évêque,comme il lui en écrivit
lui-même. Quelque tems après faint Nicet écrivit à
Clodofinde, foeur des rois François, & époufe d’Al-
boin roi des Lombards, à l’occafion des ambaila-
deurs qu’elle avoir envoïez aux rois fes freres. I f f i , cmc. t. *,»2
l ’exhorte à travailler à la' converfion du roi fon
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