
X II. epiji.i6.
XXV.
Saint Hofpice
reclus*
Greg.1V. hifi.c.3*.
M ar.Avent. Chr.
480 H IST 0 I R E E c CL E S I A S T I QJU E.
habits : ils ne portoient que des haillons déchirez ,
la ie s , pleins de vermines. Ils reflembloient à des criminels
dans les cachots, ou à des pofledez. Quelquefois
ils prioient l’abbé de leur mettre des fers au col
& aux mains & des entraves aux pieds, & ne les
en tirer qu a la mort. Quand ils fe croïoient prêts de
mourir , ils le conjuroient de ne leur point donner
de fepulture , mais de les jetter comme des bêtes. Ce
qu’il leur accordoit quelquefois, les privant même
du chant des pfeaumes & de tout homjeur funebre.
Ce récit defaint Jean Climaque nous apprend combien
la difçipline monaftique & l’efprit de penitence
etoient encore en vigueur à la fin du fixiéme fiecle.
/ / r Saint Grégoire étant pape , lui écrivit pour fe recommander
à fes prières , & lui envôïa des garnitures de
lits pour un hôpital voifin. La lettre eft au plûtôt de
l ’an 600. & Jean étoit encore alors abbé. Il quitta
cette charge fur la fin de fes jo u r s , & aïant mis à fa
place George fon frere , il fe retira dans la folitude
où il mourut.
Les Lombards étant établis en Italie , entrèrent
auifi dans les Gaules fous trois de leurs ducs, Amo ,
Zaban & Rodan. Amo prit le chemin d’Embrun,
Zaban vint par Die jufqu’à Valence, Rodan campa
près de Grenoble. Ils furent long-tems logez dans
le monaftere d’Agaune ou de faint Maurice ; & ils
firent cette irruption la huitième année après le con-
fulat de l’empereur Ju ft in , indiètion feptiéme : c’eft-
à -d ire l’an J 4 7 . mais ils furent vigoureufement
repouifez par les François. Amo fit le dégât dans
toute la province d’A rles, que nous appelions Provence.
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’ m e . 581
Saint Hofpice y demeuroit près de Nice , reclus Gni-V1
depuis plufieurs années dans une tour où il n’y avoit
point de porte , mais feulement une fenêtre par laquelle
il fe montrait. Il portoit des chaînes de fer fur
la chair, & un cilice par-deifous, & nefe nourriifoit
que de pain & de quelques dattes. Le Carême il ne
vivoit que de racines d’Egypte que les marchands
lui apportoient. Il prédit la venue des Lombards en
Gaule,,pour punir les pechez du peuple ; & confeilla
aux habitans de mettre leurs biens à couvert dans les
villes fermées, & fe fortifier dans les lieux les plus
sûrs. Puis il dit aux moines : Retirez-vous auffi , &
emportez avec vous ce que vous avez , car la nation
que j’ai dite approche. Ils répondirent : Tres-faint
p ere, nous ne vous laiifcrons point. Ne craignez
point pour m o i, répondit-il : ils me maltraiteront,
mais ils ne me feront pas mourir.
Les moines fe, retirèrent, les Lombards v in ren t,
& faifant le dégât de tous cotez, ils trouvèrent la demeure
du faint. Il fe montra, par fa fenêtre, & comme
en tournoïant, ils ne trouvèrent point d’entrée à la
tour , deux montèrent fur le toit & le découvrirent.
Voïantcet homme chargé de chaînes, ils dirent: C ’eft
quelque meurtrier; & aïant appellé leur interprète ,
ils lui firent demander quel crime il avoit commis.
IlconfeiTa qu’il étoit homicide, & coupable de toutes
fortes de crimes. Un des Lombards tira fon épée
pour lui en fendre la tête : mais le bras demeura
étendu fans qu’il le pût ramener: fon épée lui echapa,
fes camarades firent un grand c r is , & demandèrent
à faint Hofpice ce qu’ils devoient faire. I l guérit
avec le figne de la croix le bras du Lombard qui 1 a-
D d d d iij
juif
llî