
7. monacb.
1 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
la corde rom p o it, 8c ils le cafToient la tête ou les
jambes.
Dagila femme d’un échanfon du r o i -, qui avoit
déjà confeifé plufieurs fois ious Genferic, quoique
noble 6c délicate, après avoir fouifert plufieurs coups
de foüet 8c de bâton, fut envoyée en e x i l , dans un
lieu fec ôtd e fe rt, où elle ne pouvoir recevoir con-
folation deperfonne, laiffant avec joyefamaifon, fon
mari 8c fes enfans. On lui offrit enfuite de la transférer
àunefolitudemoins rude , mais elle le refufa.
Sept moines fouffrirent auffi le martyre, fçavoir:
Libérât abbé , Boniface diacre , Servùs 8c Ruitique
foùdiacres, Rogat, Septime 8c Maxime fimples moines.
ils étoient du territoire de Capfetmais on les attira
à Carthage, 8c on les tenta d’abord par des promef-
fes flateufes, leur propofant une grande fortune , 8c
même la faveur du roi. Comme ils domeurerent fe rmes
dans la foi de la Trinité 8c d’un feul baptême ,
on les mit chargez de chaînes dans une obfcure pri-
fon. Mais le peuple fidele ayant ¡gagné les gardes
par prefens, les vifitoic jour 8c nuit, pour recevoir
leurs infbruétions, 8c s’encourager au martyre. Le
roi l'ayant appris , les fit charger de fers plus pe-
fa n s , 8c fouffrir desrourmens inoüis jufques alors.
Puis il commanda d’emplir un vaiffeau de menu bois
ie c , de les y attacher, & après les avoir menez en
mer y mettre le feu. On les tira de la prifon , fui-
vis d’une multitude de peuple, qu’ils exhortoient au
martyre :on fit des efforts particuliers- pour.féduire
Maxime quiétoit encore fort jeune; mais il protef-
ta ha rdiment, qu’il ne vouloir partit fe feparer de
fon pere Libérât 6c de fes freres. Etant menez dans
le
L i v r e T r e n t x e ’me. 15
le vaiffeati, ils furent attach ez fur le bois; mais comme
on y eut mis le feu, i l s ’étcignit auffi-tôt, 8c quoiqu’on
effayât plufieurs fois de le r’allumer , on ne
put jamais y réuffir. Le roi confus 8c irrité leur fit
çaffer la têté à coups d’aviron ; on jetta leurs corps
dans la mer qui les rendit auffi-tôt contre l’ordinai-
fre; 8c le peuple qui étoit prefent les enfevelit honorablement,
conduit par le clergé de l’églife de Car-
thage, entre autres l’archidiacre Salutaris 8c le fécond
diacre Muritta, qui avoient déjà confeifé la foi par
trois fo is , 8c qui portèrent les reliques. Elles furent
enterrées avec le chant folemnel au monaftere de
Bigua près labafilique de Celerine.
L ’évêque Eugene étant déjà en exil, on bannit auffi
tout le clergé de Carthage, compofé de plus de cinq
cens perfonnes, après leur avoir fait fouffrir la faim 8c
les tourmens. Le diacre Muritta fe fignala entre les
autres. L’officier le plus ardent à faire tourmenter les
Catholiques étoit un apoftat nommé Elpidifore, qui
avoit étébaptifé par les Catholiques dans l’églife de
Faufle,8c levé des fonts par le diacre Muritta.Comme
on appelloit parordre tout le clergé, pour être expofé
aux tourmens, après les prêtres vint l’archidiacre
Salutaris, puis le fécond diacre Muritta, qui étoit un
vieillard venerable. Quand on commença à l’éten-
dre, avant qu’il fut dépoüillé, il tira tout d’un coup
les linges dont il avoit couvert Elpidifore au fortir
des fonts, 8c qu’il avoit cachez fous fes habits ; 8c les
ayant étendus devant tout le monde, il dit à Elpidifore
qui étoit affis comme fon jug e : Voilà les linges
qui t’accuferont quand le grand j uge v iendra, 8c
qui te précipiteront dans le puits de fouffre: parce
Tome n i . D
X I I .
Clergé de Carthage
banni.
Victrt.n 9,