
joS H i s t o i r e E c ol e si a s t i q j^e .
Chacun avoit deux tuniques & deux cuculles , foit
pour changer les n u its , foit pour les laver, ils les
prenoient au veitiaire commun , Sc y remettoient
les vieilles. Les étoffes étoient celles qui fe trouvoient
dans le pays à meilleur marché. Pour ôter tout fujet
de propriété , l’abbé donnoit à chacun toutes les
chofes neceffaires : c’eft-à dire , outre les habits un
mouchoir, un couteau , un e é gu ille ,u n ftile t & une
tablette pour écrire.
Leurs lits confiftoient en une natte ou paillaffe piquée
, un drap de fe rg e , une couverture & un chevet.
Chacun avoit fon lit : mais ils couchoient tous
en un même lieu, au moins dix ou vingt enfemble ,
fi la communauté étoit grande. Une lampe brûloit
toute la nuit dans le dortoir ; & toûjours quelque
ancien y couchoit , pour obferver la conduite des
autres. Afin d’être toûjours prêts à fe lever pour
l'office , ils couchoient tous v ê tu s , même avec leurs
ceintures de cuir ou de corde : feulement ils devoient
en ôter les coûteaux , de peur de fe bleffer en dor-
f.2.4. mant. On ne parloir plus après complies, &c on gare.
i. doit la nuit un profond.filence. Le jour m êm e , o a
parloit rarement. Les bouffonneries, les paroles inutiles
ou propres à faire r ire , étoient entièrement bannies
des monafteres ; & la réglé ne fait aucune men-
41. tion de récréation. Mais elle ordonne qu’en tout
tems après le fouper, les freres foient tous affis en
un même lieu, & qu’un d’entre eux life des conférences
, des vies des peres, ou quelqu’autre livre d'c-
dification.
54. Les moines ne recevoient fans ordre de l’abbé ni
lettres niprefens deperfonne, pas même de leurs pa-
L i v r e T r e n t e - D e u x i e ’m e . 309
rens. Ils ne fortoient point fans fa permiffion de
l’enclos du monaftere. Et pour leur en oter tout prétexte
, on le bâtiffoit autant qu’il étoit poffible, de
telle force qu'ils euffent au dedans toutes les chofes
neceffaires, l’eau , le ja rd in , le moulin , la boulangerie
& les commoditez pour les métiers differens.
La porte étoit gardée par un vieillard fage & difcret , c.ee,
qui fçût répondre à propos aux p au v re s , & aux autres
furvenans. Si quelques freres étoient envoyez
dehors , ils fe recommandoient aux prières de la
communauté; St à leur retour demeuraient profter-
nez dans l’oratoire pendant toutes les heures de l’o ffice
pour expier les diftra&ions &c les autres fautes
qu’ils pouvoient avoir commifes. Il leur étoit étroitement
défendu de rien dire , de ce qu’ils avoient
appris au dehors.
On recevoir les hôtes avec beaucoup de charité St c.
de refpeêt. On les menoit à l’oratoire pour prier ,
on leur faifoit une leéture d’édification : puis on les
trairait avec toute l’honnêteté poffible. L ’abbé leur
donnoit à laver , & mangeoit avec eux ; auffi avoit-
il fa cuifine & fa table à p a r t , pour être en état de les
recevoir à toute heure, fans troubler la communauté.
Perfonne ne leur p a rlo it, que le moine defliné à
les recevoir , Sc ils avoient leur logement féparé.
L ’abbé qui devoir gouverner le monaftere,.étoit
choifi par toute la communauté , ou la plus faine c.**.
partie, eû égard au feul mérité, fans confiderer fon
rang d’anquité. Que s’ils s’accordoient tous à choi-
fir un mauvais fu je t , l’évêquè diocefain, les abbez,
ou les fimples fideles du vo ifin ag e , devoient empêcher
ce défordre, & procurer un digne pafteur au
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