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Langues coudées.
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BiW. PP.'G.L.
to,z.p» 415« E*
A n. 484.
iz H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
triffures ni aucune trace de tourmens.
A T yp afe dans la Mauritanie Cefa rienne, les
Ariens ordonnèrent un évêque qui avoit été fecre-
taire de C y r illa , ce que voyant les liabitans ils s’embarquèrent
tous pour paiTer en Efpagne , dont ils
étoient proches : excepté un très-petit nombre qui
ne trouvèrent point à s’embarquer. L ’évêque Arien
s’éforça de les p e rv e rtir, premièrement par carefles,
& puis par menaces: mais ils fe mocquerent de lui, &c
s’aiTemblerent dans une m a iio n ,o ù ils celebrerenc
publiquement les myfteres. L ’évêque l ’ayant appris
envoya fecretement àCarthage une relation contre
eux : fur quoi le roi ir r ité , envoya un comteavec ordre
de leur couper à tous la langue 8c la main droite ,
dans la place publique, en prefencede toute la province.
Cela fut exécuté : mais quoiqu’on leur eût
coupé la langue jufques à la racine , iis ne laiderent
pas de parler aufli-bien qu’auparavant : Et fi quelqu’
un ne le veut pas croire, ajoûte V id o r de V i t e ,
qu’il aille à C. P. 8c il trouvera un foûdiacre d’entre
eux nommé R ep a ra t, qui parle nettement fans aucune
p e in e , 8c qui par cette raifon eft finguliere-
menthonoré dans le palais de l’empereur Z en o n ,
principalement par l’imperatrice.
V id o r n’eft pas le feul témoin de ce m irac le ,
Enée de Gaze philofophe Platonicien , qui étoit
alors à C. P. en parle ainiî à la fin de fon dialogue
fur la refurredion : J e les ai vus moi-même, 6c les ai
oüi parler, 8c j ’ai admiré que leur voix pût être fi bien
articulée. Je cherchois l’inftrument’de la parole, 8C
ne croyant pas âmes ore ille s, j’ai voulu en juger
par mes .y e u x , 8c leur ayant fait ouvrir la bou-
L r vRE T r e n t i è m e . z j
che, j’ ai vû toute la langue arrachée jufques à la
racine : 8c me fuis étonné , non de ce qu’ils parla
ien t, mais de ce qu’ils vivoient encore. L’hi-
itorien Procope parlant de cette perfecution d’Hu-
neric , dit : il fit couper la langue à plufieurs, c-8,
qui de mon tems fe promenoientà C. P. parlant li brement
fans fe iêntir de ce fupplice. Mais il y en
eut deux , qui ayant péché avec des femmes abandonnées,
cédèrent de parler. Le comte Marcellin _________
dans fa chronique dit : Le roi Huneric fit couper la A n . 484..
langue à un jeune homme catholique muet de naif-
fance; mais fi - tôt qu’il eut lalangue coupée, il parl
a , &c commença par donner gloire à Dieu ; j ’ai vû
quelques-uns de cette troupe de fideles à C. P. qui
avoient la langue 8c la main coupées , Sc parloient
parfaitement. L ’empereur Juftinien témoigne aufli 1.1.
1 » • a 1 • O f P t P .A f n l ’avoir vu y dans une conftitution faite depuis pour
l ’Afrique.
Huneric n’épargna pas même les Vandales eatho- xi.
liques ; 8c n’eut aucun égard à l’intercelfion d’Ura-
nius ambaiTadeur de Z en on . Au contraire , pour v vit' jP*
montrer le mépris qu’il faifoit de l ’empereur & des
R om a in s , il fit mettre le plus de bourreaux 8c les
plus cruels dans les rues 8c les places de Ca rthage ,
o u l’ambadadeur devoir paifer pour venir au palais.
On v it long-tems les marques descruautez exercées
en cette perfecution : les uns étoient fans mains., ou
fans pieds : d’autres fans yeux, fans nez,ou fans oreilles
: d’autres à force d'avoir été fufpendus , avoient
les épaules démifes 8c élevées au-dedus delà tête; car
étant attachez au haut des maifon s, on les poufibit
avec les mains pour les jetter en l-’air : quelquefois.