
468 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
, j ' *: --------------- ziéme d’Août j j i . Le pape y parle, tant en fon nom
A n . j j i . qu’en celui de treize évêques q u il’accompagnoient,
dont les, principaux font Dacius de Milan & Primafc
a jis.t. d’A d rum e t, les autres font d’ Italie. Mais le pape ne
voulut pas encore publier cette fentence , pour donner
le tems à l’empereur de révoquer ce qu’il avoit
i | ] . f a i t , & aux évêques condamnez de fè repentir. Seulement
il dépofa cette fentence entre les mains d’une
perfonnc fidelle , afin que fi on lui faifoit quelque
violence , ou qu’il vînt à mourir , il la publiât auffi-
tôt dans les lieux les plus fréquentez, & qu’elle vînt
à la connoilfance de tout le monde.
Enfuite on dit au pape que s’il ne vouloit recevoir
les fermons qu’on lui offroit, on le tireroit par force
de l’égli fe de faint Pierre : ce qui l’obligea à donner
un mémoire de ce qu’il defiroit qu’on lui promît.
On né lui accorda pas tout : mais enfin les officiers
que l’empereur envoïa aïant mis la formule du ferment
fur l’autel & fur le baluftre qui environnoic
les reliques de-faint Pierre , & aïant juré fur la vraie
croix & fur les clefs de faint Pierre : après un tel ferment
le pape retourna au palais de Placidie. On
promit de même à Dacius de Milan & à tous ceux
qui s’étoient retirez aux lieux fa ints, qu’on ne leur
feroit aucune violence. Mais ces fermens furent mal
obfervez , & le pape entre autres reçut plufieurs
mau vais traitemens. Il s’en plaignit aux officiers que
l ’empereur lui envoïoit fouvent , & les interpella
non-feulement de vive v o ix , mais par écrit-, jufqu’à
trois fo i s , d’obferver les fermens qu’ils lui avoient
faits. Mais il étoit plus maltraité de jour en jour.
- 'Enfin deux jours avant Noël il s’apperçut que L’on
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gardoit toutes les entrées du palais de Placidie où il -*
demeuroit : en forte qu’il entendoit de fa chambre A n . 5 J 1 -
les cris de fes gardes. Dans cette extrémité il s’enfuit
de nuit avecbeaucoup de peine & de péril par-deffus
une petite muraille que l’on bâtiifoit : il fortit de
C . P. & fe réfugia dans l’églifc de fainte Euphemie
de Calcédoine.
Comme il étoit grièvement malade , l’empereur
lui envoïa le dimanche vingt-huitième de Janvier
y j t . les patrices Belifaire , Cethegus & Pierre, Juftin
curopalate & Marcellin quefteur , les mêmes qu’il
lui avoit déjà envoïez plufieurs fo is , pour lui dire
qu’il reçût leurs fermens, & fortît de fainte Euphemie
pour revenir à C . P. Le pape répondit : je n'e
me fuis réfugié ici pour aucune affaire particulière
mais feulement pour le fcandale qui regne dans
l ’églife. C ’eft pourquoi fi l’empereur veut rétablir
la paix , comme il a fait du tems de fon oncle , je
n’ai que faire de fermens, je fortirai tout à l’heure.
Et fi la caufe de l’églife n’eft pas finie , je n’ai que
faire non plus de fermens : car je fuis réfolu de ne
point fortir de faint Euphemie. L àd e ilu s il reprit ce
qui s’étoit paffé depuis que l’empereur avoit fait a fficher
fes édits contre les trois chapitres, & conclut
en conjurant ces magiftrats par le jugement de Dieu,
de dire de fa part à l’empereur : vous vous chargez
d’un grand péché , fi vous communiquez avec ceux
que j’ai excommuniez, particulièrement avec Théodore
de Cefarée.
Enfin le dimanche quatrième de Février le référendaire
Pierre vint avec des ordres du prince, en
difant : quand voulez-vous que les juges viennent
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