
ffi4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e !
& s’enferma entièrement après avoir dit adieu à fa
communauté. Il nelaiffoit pas de répondre aux étrangers
qui le venoient voir, de prier pour eux, & leur
donner des eulogies , qui fouvent guerifloient les
malades. Etant attaqué d’une groife fievre , il paifa
pour mort : on le la v a , on le re v ê tit, on le mit fur
un brancard, & on pafla la nuit à prier auprès de lui.
Le lendemain matin on le vit remuer, il parut s’éveiller
d’un profond fommeil, il ouvrit les yeux , &c
levant les mains au c ie l, il dit : Ah ! Seigneur, pourquoi
m’av e z-vous renvoie en ce féjour ténébreux!
Il fe leva entièrement guéri fans vouloir parler : mais
trois jours après il raconta comme.deux anges l’a-
voient enlevé au ciel où il avoit vû la gloire du paradis
, & avoit été renvoie malgré lu i , pour vivre
encore fur la terre. Grégoire de Tours prend Dieu à
témoin, qu’il avoit appris cette hiftoire de fa propre
bouche : & on peut croire que dans le tems qu’il
parut m o r t , il vit ces merveilles, foit en fonge, foie
en viilonfurnaturelie.
Long-tems après faint Salvi fut tiré de fa cellule,
ôc ordonné malgré lui évêque d’Albi. Au bout d’environ
dix ans, la ville fut affligée d’une maladie con-
tagieufe : mais il ne quitta point fon troupeau, quoique
réduit à un petit nombre , & ne ceifoit point
d’exhorter les malades àfe préparer à la mort. Il étoit
il defintereifé , que fi on î ’obligeoit à recevoir de
l’argent, il le donnoit auffi-tôtaux .pauvres. Il mourut
vers l’an J8 4 . & eut pour fucceifeur Déliré, L ’églife
honore S. Salvi le dixième de Septembre.
Le roi Chilperic fit mourir un feigneur nommé
Dacco , par la perfidie du duc Draçolen , qui aïanï
L i v r e t r e n t e - q j j a t r i e ’ m e .’ <î i j
furpris Dacco le mena au roi à Braine , & contre fon
ferment lui perfuada de lui ôter la vie. Dacco voi'ant
qu’il ne pouvoit éviter la m o r t, demanda la pénitence
à un prêtre à l’infçû du roi ; & l’aïant reçue il
fut exécuté. On voit ici la confeffion à l’article de la
mort, &c la penitence fecrete : car Daeco n’étoit plus
en état d’accomplir une penitence publique. On voit
auffi que l’on n’accordoit pas la penitence facramen-
telle à ceux qui étoient condamnez à m o r t, puifqu’il
fallut la cacher au r o i , & cet ufage a duré long-tems
depuis.
Le roi Chilperic aïant appris que Leudafte comte
de Tours avoit fait beaucoup de mal aux églifes &
au peuple, Iota de cette charge, & Leudafte ennemi
depuis long-tems de l’évêque Grégoire , l’accufa
de vouloir livrer la ville au roi Childebert. Comme
Chilperic ne le crut pas , il ajouta que Grégoire
difoit que la reine Fredegonde commettoit adultéré
avec Bertran évêque de Bourdeaux. Le roi C h ilperic
irrité, fit battre Leudafte à coups de poing &
de p ied , le chargea de chaînes, & le mit en prifon.
Toutefois il fit aifembler les évêques à Braine , à
trois lieues de Soûlons, & y fit venir Grégoire & Bertran.
Le roi y vint lui même ; &c aïant falue les
évêques & reçû leur benedidion, il s’affit. Alors l’é-
vêque Bertran interpella Grégoire, comme fon accu-
fateur. Grégoire nia qu’il eût ainfi parlé de la reine
& de lui : avoüant toutefois qu’il l’avoit oüi dire à
d’autres.
Le roi dit aux évêques : Comme mon honneur eft
intereffé en cette caufe , fi vous croiez que 1 on
doive entendre des témoins contre un e v equ e ,le s
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Concile de
Braine.
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