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ou en pürée , quoiqu’il fe puiiTe étendre a toutes fortes
de viandes boüiilies : mais la pauvreté des moines
ne donne pas lieu de croire, qu ils y compriffent
le poilfon , que les anciens comptoient entre les mets
les plus délicieux. La réglé permet une troifiéme
portion de fruits ou de legumes , croiflant iùr le
lieu Elle ne donne qu’une livre de pain par jour :
c’eft à-dire , douze on c e s , ioit qu’on faiTe un repas
ou deux. L ’abbé pourra augmenter la portion , s il
y a quelque travail extraordinaire , & on donnera
moins aux enfans. La chair des bêtes a quatre pieds
i,4C" eft défendue à tous , hors les malades. Pour la boif-
fon , ils auront chacun une hemine de vin par jour :
c’e ft-à -d ire , un d em i-fep tier, fuivant la meilleure
explication. Si ce n’eft que le travail ou la chaleur
oblige à en donner plus. Saint Benoît loiie ceux qui
pouvoient s’en paifer, & ajoute : Quoi que nous liftons
que le vin ne convient point du tout aux moines
, toutefois comme dans nôtre tems, il n eft pas
poffible de le leur perfuader, au moins gardons la
tempérance neceifaire. Que fi la qualité du pays fait
qu’il ne s’y en trouve point du tout, que ceux qui y
demeurent, en louent Dieu & fe gardent d’en murmurer.
Quant aux'heures des repas, depuis Pâque juf-
ques à la Pentecôte, ils dîneront à texte , &c ils fou-
peront le foir. Tout le refte de l’été ils jeûneront juf-
ques à n one,le mercredi 8t le v en d red i, fi le travail
de la campagne, ou la chaleur exeeifive ne les en
empêche : les autres jours ils dîneront à Texte. Depuis
le treizième de Septembre jufqu’au Carême, ilsman-
geront toûjours à no.ne, & pendant le Carême au-
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foir : enforte toutefois qu’ils loupent toûjours au jour,
en quelque tems que ce foit. En la partie d Italie, ou
v ivo it faint Benoît, le foleil ne fe couche jamais plus
tard que quatre heures & demie, il exhorteles moines
à faire en Carême , quelque abftinence particulière ,
mais avec le confeil du fuperieur. On fera la le&ure
pendant le rep a s , & le ledteur fera choifi toutes les
femaines : non par ordre, mais félon qu’il y fera plus
propre.
Les moines fe fervoient les uns les autres , &c rai-
foient tous la cuifine tour à tour par femaine. Ce
qui montré combien leur nourriture étoit fimpfe :
puifque tous étoient capables de 1 apprêter. On
avoit grand foin des malades : ils avoient une chambre
particulière, & un des freres pour les fervir. On
leur donnoitde la vian d e , Sc le bain , toutes les fois
qu’il étoit à propos. Mais on n’accordoit guere 1 u-
fage du bain en fanté , principalement aux jeunes.
Les habits étoient reglez à la diferetion de 1 abbé ,
fuivant la qualité du p ay s , plus chaud ou plus froid.
Nous c ro y o n s , dit faint Benoît que dans les climats
temperez , c’eft aflez d’une cuculle & une tuniq
u e , la cuculle plus épaiiTe pour l’hy v e r , plus raie
pour l’été ; & un fcapulaire pour le travail. C e to it
depuis long-tems l’habit ordinaire des pauvres Sc
des payfans.
Saint Benoît n’en marque ni la couleur ni la longueur
, qui fans doute etoit proportionnée a la commodité
du travail. Le fcapulaire étoit plus large &c
plus court qu’à prefent, ôi avoit fon capuce. C etoit
l’habit de deflus pendant le travail : on 1 otoit pour
prendre la cuculle , qu’on portoit le refte du jour.
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Habits, 8cc.
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