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l’empereur en Italie , & aïanc ordonné une procef-
fio n , il vint de faint Pancrace à faint Pierre , où tenant
l’évangile & la croix dé Nôtre-Seigneur fur ia
tête | il monta fur l’ambon , & jura publiquement
qu’il n’avoit fait aucun mal au pape Vigile : de quoi
le peuple fut fatisfait. Enfuite il pria lesaffiftans de
concourir avec lu i , pour bannir la fimonie des ordinations.
Il donna l’intendance des biens de le -
glife à Valentin fon fecretaire, homme craignant
Dieu , qui fit rendre à toutes les églifes les vafcs d’or
& d’argent, & les voiles qui en avaient été enlevez.
t vr. Le pape Pelage s’appliqua fortement à réprimer
Pourfuites coq- i r t - r u* Xil- 1 , 1 „
m les fchifmati- les lehilmatiques d Italie , par 1 autorité de Narfes ;
& comme ce patrice étoit pieux & craignoit de pe-
cher contre la religion, Pelage lui dit dans une de fes.
tM i- lettres : Ne vous arrêtez pas aux vains difeours de
ceux qui d ifen t , que l’églife excite une perfécution
quand elle reprime les crimes & cherche le falut des
ames. On ne perfecute que quand on contraint à
mal faire : autrement il faut abolir toutes les loix d ivines
& humaines, qui ordonnent la punition des
crimes. Or que le ichifme foit un mal , & qu’il doive
être reprimé, même par la puiiTance fcculiere,
l ’écriture & les canons nous l’enieignent. Et quiconque
eft féparé des fieges apoftoliques, il n’y a pas de
doute qu’il eft dans le fchifme. Faites donc ce que
nous vous avons fouvent demandé, & envoïez à
l’empereur fous bonne garde, ceux qui font ces en-
treprifes. Car vous devez vous fouvenir de ce que
Dieu a fait pour vou s , lorfque le tyran T o ty la pof-
fedoit l’Iftrie & la V en e tie , & que les F/ancs ravaÜ
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geoient tout. Nonobftant ces hoftilitez, vous ne
fouffrîtes point que l’on ordonnât l’évêque de M ilan
, jufques à ce que vous en euffiez écrit â l’empereur
, ôc reçu fes ordres : & au milieu des ennemis,
vous fîtes conduire â Ravenne l’évêque é lu , & celui
qui devoir l’ordonner. Que dirai-je des évêques de
Litu rgie , de Venetie & d’Iftrie que vous pouvez reprimer
, & que vous laiifez glorifier de leur rufticité,
au mépris des fieges apoftoliques ? s’ils avoient quelque
difficulté touchant le jugement du concile uni-
verfel qui a été tenu â Conftantinople, ils de voient,
fuivant l’u fage , choifir quelques-uns d’entr’eux capables
de propofer leurs raiions, & d’entendre les
nôtres, & les envoier au fiege apoftolique, ôi non
pas fermer les yeu& pour déchirer l’é g life , qui eft le
corps de Jefus-Chrift. Ne craignez donc rien : il y
a mille exemples & mille conftitutions, qui montrent
que les puiifances publiques doivent punir les
fchifmatiques : non feulement par l’exil , mais par
la confifcation des biens & par de rudes prifons. fmsjw.î.m«/;
Une grande partie de cette lettre fe trouve repetée
dans une au patrice Valerien, écrite par conféquent
dans le même tems.
Les fchifmatiques aïant excommunié N a r fe s , le zfift. 4;
pape le félicita de ce que la providence l’avoit permis
, afin de le préferver de leur fchifme : mais il
i’excita en même tems à punir cet attentat, & envoyer
les coupables à l’empereur : particulièrement
Paulin évêque d’Aquilée , qu’il traite d’ufurpateur ,
& dit quêtant dans le fchifme, il ne peut demeurer
évêque. Il parle dans la même lettre d’un autre é v ê que
fchifmatique nommé Euphrafius, coupable d’un
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