
Supr. ». 17.
XX.
Mouvemens des
Origeniftes en
Paleftine.
Sttp. n. 4.
Vit a S. Sab. ».
28. p. }66.
4 3 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
porta à Rome de grandes richeiTcs. O n croie que
Théodore de Cefarée fe prévalut de fon abfence,
pour fe venger de la condamnation d’Origene par
celle des trois chapitres. Mais avant que de l’expliquer
, il faut rapporter ce qui s’étoit paiTé en Orient
fur ce fujet.
L’édit de Juftinien contre Origene aïant été apporté
à Jerufalem, tous les évêques de Paleftine &
tous les abbez du defert y' fouferivirent ; de quoi
Nonnus 8c ceux de fon parti furent tellement irritez,
qu’ils fe féparerent de la communion des catholiques
, quittèrent la nouvelle laure de faint Sabas, 8c
demeurèrent dans la plaine. Théodore de Cappado-
ce qui étoit à Conftantinople l’aïant appris , envoïa
quérir les apocriiîaires de Jerufalem , 8c leur dit fort
en colere : Si le patriarche Pierre ne fatisfait pas ces
peres, 8c ne les rétablit pas dans leur laure, je vais le
chaifer lui-même de fon fiege. Cependant Nonnus &
les fien s, par le confeil du même Théodore , écrivirent
au patriarche : N ous fupplions votre fainteté,de
nous donner une petite fatisradion , pour la con fo -
lation de nos ames , en difant generalement : Que
tout anathême, qui n’eft pas agréable à Dieu , foit
n u l, au nom du Pere, & du Fils , & du faint-Efprit.
Le patriarche refufa d’abord de donner cette déclaratio
n , comme féditieufe 8c illégitime. Mais craignant
les artifices de Théodore, 8c voulant gagner du tems,
il envoïa quérir Nonnus 8c les fiens, 8c les aïant pris
en particulier , il fit'devant eux la déclaration qu’ils
demandoient. Ils retournèrent donc à la nouvelle
laure , confervant leur aigreur contre les perçs de la
grande laure de faint Sabas.
Enfuite
L i v r e t r e n t e -t r o i s i e ’ m e . 433
Enfuite étant devenus plus hardis ils prêchoient
leurs erreurs, c’eft-à-dire l’Origenifme, publiquement
8c par les maifons. Ils inventoient divers moïens de
perfecucer les pefes de la grande laure, 8c s’ils voïoient
à Jerufalem quelque moine orthodoxe ils le nom-
moient Sabaïte , le faifoienc battre par des fcculiers
8c le chaifoient de la ville. Il y avoit auprès du
Jourdain des moines Be/Tes originaires de T h ra c e ,
qui pouffez de zele accoururent à Jerufalem au fe-
cours des catholiques. On en vint aux mains 8c à la
force ouverte. Les catholiques fe refugierent dans
l’hofpicedela grande laure, où leurs ennemis vinrent
en fureur pour les tuer ; mais trouvant la maifon fer-;
mee ils rompirentlesfenêtres, 8c attaquèrent à coups
de pierres ceux qui écoient dedans. Alors un des
Belles nommé T h eod u le , aïant trouvé une pelle, fit
une fortiefur les affaillans 8c les diflipa lu ifeu l, quoiqu’ils
fuffent environ trois cens : prenant garde toutes^
fois de n’en bleffcr aucun. Mais il reçut un coup de
pierre dont il mourut peu de jours après.
Pour arrêter ces defordres , les peres de la grande
laure prièrent Gelafe leur abbé d’aller à C. P. &
d’inftruire l’empereur de ce qui fe paffoir. Etant prêt
à partir il les affembla dans l’églife ■& leur dit : Mes
peres, je ne fçai ce qui m’arrivera en ce voïage': mais
je vous prie de fie fouffrir avec vous aucun de
ceux qui font attachez à Théodore de Mopfuefte,
car c’cft un hérétique ; & je me fouviens que notre
faint pere .Sabas le déteftoit autant qu’Origene. J’ai
grand regret d’avoir fouferit au libelle ,-qui fur fait
dans le defert par ordre du patriarche, de ne le point
anathematiier. Mais Dieu qui prend foin de fon
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