
282. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
thage demeura vacant vingt-fept ans, pendant la
perfecution du roi Trafamondj 8c comme durant
ce tems on eut befoin de prêtres dans le monaftere ,
on eut recours à Boniface évêque de Gratiane &c
primat de la By z a cen e , qui ordonna quelques moines.
Après fa m o r t , Libérât fon fucceifeur dans
la primatie , prétendit que le monaftere depen-
doit de lui : 8c conime l’abbé Pierre ne vouloit pas*
le reconnoître, il l’excommunia lu i 8c tous fes
moines. Les fideles de la p rovin ce, obéïffant a cet
o rd r e , les fuyo ien t, 8c leur refufoient l’hofpita-
lité ; quoique les moines de leur côté l’exerçauent
fidelement. On leur fermoic la porte des églifes ,
8c fi on les y tro u vo it, on les en faifoit fortir.
Perfonne n’ofoit les faluer, ni recevoir leur bénédiction.
L ’églife de Carthage ayant recouvré fa liberté ,
8c Boniface étant ordonné é v êq u e , l’abbé Pierre
lui préfenta des requeftes pour demander fa protection
, 8c juftifier par des raifons 8c des exemples, l’exemption
qu’il prétendoit. Les raifons é to ien t, la
qualité de ceux qui avoient fondé le monaftere ,
raffemblez de diverfes provinces. Encore que le
premier abbé fût foûdiacre de la province Byzacéne ,
il n’avoit pas été élu abbé comme foûdiacre , mais
comme m oin e , 8c n’étoit ni feigneur ni propriétaire
du monaftere. On avoir eu recours au primat delà
Byzacene pour les ordinations , à caufe de la vacance
du fiege de Carthage. Les exemples étoient le monaftere
de Précis, qui bien que fitué au milieu du*
diocefe de Leptimin dans la B y z a c én e , dépendoit
de l’évêque de V icataire, autre v ille de la même
L i v r e T r i n t e - D î ü x i e ’m e : i 8j
province. Le monaftere de Bacce près de l’églife de
Maximien en N um idie , dépendoit du primat de la
Byzacéne. Le monaftere d’Adrumet.avoit toûjours
fait ordonner fes prêtres outre mer , fans s’adreifer à
J'évêque de la ville.
L ’abbé Pierre pour appuyer fa prétention , pro-
duifoit les pièces fuivantes. Un extrait du fécond
fermon de laine A u gu ftin , de la vie commune : qui
fait voir que les monafteres fondez par fes difciples,
n’appartenoient ni aux fondateurs , ni a 1 eglife
d’Hippone : mais à la communauté. Un privilège
accordé l’an 5 17 . à un monaftere de filles, par Boniface
primat de la By z a cén e , ou après avoir marqué
en g én é ra l, que les monaftéres de l’un 8c ’de
l’autre fexe doivent être exempts de la condition des
clercs, fuiv antla coutume des percs: il leur permet
de choifir un prêtre, pour celebrer les myfteres dans
leur monaftére, à la charge qu il fera mémoire a
l’au te l, du primat de la province. La derniere picce
eft le décret du troifiéme concile d’A r le s , pour terminer
le différend entre l’eveque Théodore 8c Faufte
abbé de L e r in s , qui a été rapporté. Boniface ne parut
pas content de la conduite de Libérât en cette
affaire, Ôc dès l’année précédente, il lui avoitécrit,
qu’il ne pouvoir changer les ufagesobferves par tant
d’évêques : puifqu’aucrementil n’y avoit rien de ferme
dans la difeipline. Nous n’avons pas la fin des
aôtes de ce concile de Carthage : mais il eft certain,
qu’il décida en faveur de Pierre , 8c ordonna en g é n
éral, que tous les monaftéres feroient libres, comme
ils l’avoient toûjours etc.
L ’çmpereur Jùftin vouloit obliger les Ariens à fe
N n ij
A n. 515.
Sup. xxx. ««41.
Serm. j j 6.
Tom. 4. eonciU
p. 1013 E.
Sup. XXII. ». 199
p.16^.
p. 1649» C,
V.
Le pape Jean
à C. P.