
5 J 4 H i s t o i r e E c c l e s i à s t i q j j e .
réglé les jeûnes des moines pour toute l’année , où
l’on voit que l'on jeûnoit les R oga tions, quoiqu’en
tems p a fc a l, & le mois de Décembre jufqu’à Noël :
c’eft-à-dire l’Avent. On ne jeûnoit point les fête s, ni
par confequent le mois d’A oût, qui dès-lors en avoit
tous les jours. Mais on jeûnoit trois jours au commencement
de Janvier , à caufe des fuperftitions des
païens, même le propre jour de la Circoncifion: on
ne celebroit la mefle qu’à la huitième heure , c’eft-à-
dire , à deux heures après midi.
Auifi le concile fe plaint que les fuperftitions re-
gnoient encore. Il y en avoit qui celebroient encore
le premier jour de Janvier en l’honneur de Ja n u s ,
qui à la fête de la chaire de faint Pierre offroient des
viandes aux morts ; & revenant chez eux après la
mefle , mangeoient de ces viandes confacrées aux
démons : qui honoroient des pierres, des arbres ou
des fontaines ; & avec toutes ces fuperftitions ils ne
prétendoient pas moins être chrétiens. Il eft ordonné
aux pafteurs &c aux prêtres de les chafler de
l’é g life , & ne pas permettre qu’ils participent au
faint autel. La fêt& de faint Pierre , dont parle ce
canon, fut inftituée le huitième des calendes de M ars,
c’eft-a-dire le vingt- deuxième de Février , à la place
de la fête que les païens celebroient en l’honneur
des m o rts , qu’ils nommoient F e ra lia , 8>c qui duroit
depuis le vingtième de ce mois jufqu’à la fin. En ces
jours ils portoïent des viandes fur les tombeaux,
s’imaginant que les arnes errant à l’entour venoient
la nuit les manger. Ce jour les chrétiens celebrerenc
premièrement le martyre de faint Pierre & de faint
Paul : puis cette fête aïant été transférée au vingt-
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’ m e .
neuvième de Ju in , on fit le-vingt-deuxième de
Février la fête de la chaire de faint Pierre , fans dif- .
tin&ion de Rome & d’Antioche. Depuis on a mis
au dix-huitiéme de Janvier celle de R om e , & celle
d’Antioche eft demeurée en l’ancien .jour. La iu-
perftition dont fe plaint le concile, confiftoit donc
à confervcr la cérémonie païenne avec la fête chrétienne
inftituée pour l’abolir. On trouve que le même
jour vingt-deuxième- de Février les païens celebroient
la fête nommée Terminalia en l’honneur du
Dieu Te rminus, ce qui fait croire que les pierres,
dont le culte eft marquée en ce canon , étoient les
bornes des champs.
Chaque cité doit avoir foin de nourrir fes pauvres ; ,, .
en forte que chaque prêtre de la campagne, & chaque
citoïen fe charge du fien -, & qu’ils ne foient pas v a -
gabonds dans les autres citez. On regarde comme
meurtriers des pauvres les ufurpateurs des biens des
églifes, on renouvelle contre eux les canons des conciles
précedens ; & le concile ajoute : S’ils perfiftent
dans leur ufurpation après trois admonitions, il faut
nous aifembler tous de concert avec nos abbez , nos
prêtres & notre clergé ; & puifque nous n’avons
point d’autres armes , prononcer dans le choeur de
l’églife le pfeaume cent huitième contre le meurtrier
des pauvres, pour attirer fur lui la maledidtion de
Judas ; en forte qu’il meure non-feulement excommunié,
mais anathematifé. Nous avons expliqué ci-
deiTus la différence de l’anathême, & de la fimple „ S9U/ ' I,V' xlT’
excommunication.
Le canon de ce concile qui marque ,1a différence xiv.
« / a i l • Eveques ac des eveques Romains & Bretons dans la province Bretagne.
A a a a ij