
njo H i s t o i r e E c c e e s i a s »t i q j j e .
q u e ,. & avoit un monaftere particulier , où il paifoit
tout le tems que fes forxSkions lui laiiToient de libre.
Il reçût faint Fulgence avec beaucoup de charité ,,
comme un lîmple étranger : mais pendant le repas,
quand on commença à parler des choies de D ie u ,
fuivant la coûtume des évêques , Eulalius connut
bien-tot aux difcQurst.de faint Eulgence, que c’é-
toit un grand docteur, fousd’apparence d’un finipie
moine.
Après le dîner-, il le fit v e n ir , & ayant appris for.
deiTein , il lui dit : Vous avez raifon de.chercher la
perfeôtiom Mais il eft impoflible de plaire à Dieu
fans la foi ; le païs où vous allez e ik fépare de la i
communion de faint Pierre; & tous ces moines dont
on admire l’abftinence, ne communiqueront point
avec vous. Retournez, mon fils , de peur de mettre
vôtre fo ie n danger : moi-même dans ma jeuneife
avant que d’être évêque , j ’ai eu le même deiTein :
mais cette raifon. m’en a détourné. Saint Fulgencefe
ren d it, &c confentit de demeurer quelques mois à
Syracufe ;mais dans.le petit logement, que faint Eulalius
lui avoit donné, il commença à exercer lui-
même l’hoipitalité envers d’autres étrangers, avec le
peu qu’on, lui; fourniifoit : ce. qui remplit:. Eulalius
d’admiration & dejoye.
Quand l’hiver fur paflé, faint Fulgence trav-erfa
par terre la..Sicile, pour aller vo ir un évêque A fr icain
nommé Rufinien-. qui fuyant la perfecution
s’étoit reticé dans une petite ifle,où il pratiquoit la vie
monaftique. L ’ayant trouvé , il le confulta. encore
fur ion d e fT e in ,& ilen reçûtle même confeil, de ne
point aller en Egypte. Mais avant que de retourner,,
L i v r e T r e n t i e’ m e; 1 3 1
■ùl voulut profiter de l’occafion , & aller à Rome vifi-
■iter les fepulcres des apôtres, il y arriva dans le même
I tems que le roi Theodoric : c’e ft -à -d ir e ,l’an 500. Sc
■ trouva toute la vile en joye. Ilaflifta même à la ha-
■ tangue que fit le roi en prefencedu fenat & du peu-
I pie , avec toute la pompe dont Rome é-toit encore
»capable. A ce fpeéfcacle faint Fulgence dit aux fre-
■ te s qui l'accompagnaient : Quelle doit être la bcau-
■ t é de la Jerufalem oclcfte , fi telle eft la fplendeur de
■Rometerreftre ; & fi tant d’honneur eft donné en ce
■monde aux amateurs de la vanité , quelle doit être la
»gloire des faints qui contemplent la vérité.
Etant de retour en A fr iq u e , il fonda un nouveau
ifmonafteredans la provinceByzacene,paria-libéralité
gd’un nommé S-ilveftre, & y fut le pere d’unie grande
fcommunauté ; mais l’amour d’une plus grande re-
it r a ite , le porta à s’aller cacher dans une ifle en un au-
itre monaftere , où l’on gardoit avec plus de feverité
B ’ancienne diicipline. Il y vécut comme fitnp'lc moi-
Jn e : s’occupant à écrire de fa main , & à faire des
ievantails de feuilles de palme, neceifaires en ces païs
«chauds. Mais l’abbé Félix & fes moines , ayant ap-
foris où étoit Fulgence , obligèrent l ’évêque Faufte à
le revendiquer comme fon moine ; & à fon retour il
■ l’ordonna prêtre tout d’un coup : afin qu’il ne pût
■quitter le monaftere, ni être ordonné dans une au-
ftre eg life .C a r faréputation s’étendoit par-toutel’A -
■ fr iq u e , & on l’auroit demandé pour év êque , fi on
•a v o it pû en ordonner. Mais c’étoit le tems où le
proi Trafamond empêchoit les ordinations ; & cette
Wefenfe mettoit l’efprit en repos à faint Fulgence,
■qui n ignoroit pas le defir des peuples. Enfuite
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