
1 2.8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Sicque, attirez par la fertilité du lieu-, & par lal
charité de quelqùes fideles. Un pretre Arien nom.l
mé Félixgouvernoit une paroiffe dans le voifinagej
il étoit riche, barbare dena iifance , c ru e l, & très-
animé contre les catholiques. Il prit faint FulgetJ
ce pour un évêque déguifé en moine , Sc craignit;
qu’il ne reconciliât fecretement plufieurs de ceux
qu’il avoit feduits": 5c en effet, faint Fulgence tra-l
vailloit autant qu’il pouvoir à les convertir. Le-prêl
tre Arien mit donc des fentinelles fur le chemiJ
pour arrêter les deux amis ; St en effet, ils furent pris!
L ’abbé Félix portoit quelques pièces d’o r , pour II
fubfiftance des tre re s , &c il les jetta ou il pût, fan*
que les gardes s’en apperçûffent. On les mena tou*
deux liez au prêtre A r ien , qui leur demanda d uni
voix terrible : Pourquoi êtes-vous venus en cachettl
de vôtre païs, contre le fervicedes rois chrétiens!
Et fans attendre leur réponfe, il commanda q u o i
les frappât. Alors l’abbé Félix dit : Epargnez moi
fre reFu lg ence ,il n’a pas la force de foufïrir les tour!
m e n s ,& mourra peut être entre vos mains. Tourl
nez vôtrecolere contre m o i, je fçai que répondre, jtl
fuis caufe de tout. Le prêtre Arien étonné de cettil
charité , fit un peu éloigner faint Fulgence, &c cora l
manda àfes gens de frapper rudement l’abbé Félix,!
qui étoit ravi defouffrirpourle délivrer. Mais T Arien!
ne laiffa pas de faire enfuite frapper faint FulgenceJ
qui étant beaucoup plus d é lic a t, ne put long-tems
fouffrir les coups de bâton. Pour avoir donc quel-1
que relâche, il s’écria : J ’ai quelque chofe à dire, »
on me le permet. Alors il commença à raconter I
l ’hiftoire de fon v o y a g e , d’une maniéré fi agréable»
L i v r e T r e n t î e ’m e .''
I <que le prêtre Arien l'admiroic. Toutefois, de peur
■ de paroître vaincu , il dit : Frappez encore, je pen-
I fe qu’il veut auffi me féduire. Enfin il leur fit rafer
I Jâ tête 8c ôter leurs habits, ôe les renvoya ainfi dé-
I poüillés de tout ; mais en retournant par la plaine
1 où ils avoientété p ris, ils retrouvèrent tout l’or que
■ l ’abbé Félix avoit je t té , & loüant Dieu , ils s’en re-
■Tournerent chez eux. Le bruit de cette cruauté v in t
Il à Carthage ; car la ville de Sique étoit dans la pro-
| vince proconfulairej & l’évêque des Ariens, qui con-
Inoiifoit faint Fulgence &c fa famille , étoit prêt de
» ‘châtier fon prêtre : mais faint Fulgence ne voulut
K jam a is lu i porter fes plaintes , S td ità ceux qui l’y ex-
|§-citoient : Il n’eft pas permis à un chrétien de cher-
yicher la vengeance en ce monde. Dieu fçait com-
■m en t il doit défendre fes ferviteurs t &c plufieurs
■fe ro ient icandalifésde voir un catholique & un moi-
Hne demander juftice à un évêque Arien. Ils forti-
«rent toutefois de cette province , aimant mieux s’ex-
¡■pofer aux Maures qu’aux Ariens. Ils retournèrent
|au voifinage de leur païs, 5c fondèrent un nouveau
taonaftere.
■ Peu de teins après faint Fulgence admirant les „ ,LIXIL
* j - i , r > i iA i i SaintFuleea. » l e s des moines d Egypte qu il ayoit lues dans les «pafféensi-
fnilitutions & les conférences de Caffien , réfolut
V aller dans, leur païs : tant pour renoncer â la char-
Ig e d’abbé, & vivre fous L’obéïiTance , que pour prat
iq u e r une abftinence plus rigoureufe. il alla donc
|p- Carthage avec un moine nommé Redemptus, &c
|s embarqua pour paifer à Alexandrie. Etant arrivé à
» y ra e u fe , il foc reçu par l’évêque Eulalius, qui en-
Jtre fes autres vertus, cheriiloit la profeffion monafli-
Tome V I I. R
à