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intelligence. Mais il paiToit pour confiant que c’étoit
une calomnie, & qu’un avocat nommé M a rc , & un
garde prétorien nommé Julien , avoient compofé en
Ion nom de fauffes lettres adreiTées au roi des Goths.
Toutefois Belifaire fit venir Silverius au palais , où
lui & fa femme Antonine confidente de l’imperatri-
c e , s'efforcèrent de lui perfuader fecretement d’obéir
à cette princeffe, de renoncer au concile de Calcédoin
e , & d’approuver par écrit la créance des heretiques.
Le pape au fortir du palais , dit à ceux de fon confeil
ce que l’on vouloir lui faire faire ; & fe retira à l’églife
de lainte Marie Sabine. Là on lui envoïa Photius fils
d’Antonine d’uh premier l i t , pour l’inviter à venir
au palais, lui promettant sûreté avec ferment. Ceux
qui accompagnoient le pape Silverius, lui conleil-
loient de ne fe point fier aux fermens des Grecs.
Il fortit pourtant, & vint au palSis. On ne lui fit
rien cfe jou r-là , & on lui permit de retourner à l’églife
où il demeurait, à caufe du ferment qu’on lui avoit
fait.
Belifaire le manda une autre fois. Il voïoit bien
qu’on vouloir le furprendre : toutefois après s’être
mis en priere , & avoir recommandé fes affaires à
Dieu , il fortit de fon églife , & vint au palais. On
le fit entrer feul ; & les fiens ne le virent plus. Le
lendemain Belifaire affembla les prêtres, les diacres
& tout le clergé de Rome -, & leur ordonna d’élire
un autre pape. Ils doutoient de ce qu’ils devoienç
fa ire , & quelques-uns refiftoient r mais enfin par l’autorité
de Belifaire , Vigile fut ordonné pape le vingt-
deuxième de Novembre 537, Alors Belifaire preffa
Vigile de lui païer fes deux cens livres d’o r , & d’ap-
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complir la promeffe qu’il avoit faite à l’imperatrice.
Mais Vigile avoit peine à s'y refoudre, tant par la
crainte des R omains, que par avarice.
Quant au pape Silverius, il fut envoie en exil à
Patare en Lycie : dont l’évêque alla trouver Ju fti-
n ien , &c le menaça du jugement de D ie u , pour avoir
ainfi chaffé de fon fiege le chef de toute l’églife. L’empereur
qui ne fçavoit rien des ordres que l’imperatrice
avoit donnez , commanda que Silverius fût
renvoie à Rome. : que l’on informât de la vérité des
lettres qu’on l’accufoit d’avoir écrites aux Goths :
&c que s’il étoit prouvé qu’elles fuffent de lui | il demeurât
évêque dans quelque autre ville : & fi elles
étoient trouvées fauffes, il fût rétabli dans fon fiege.
Le diacre Pelage qu’Apagit avoit laiffé fon légat à
C . P. étant gagné par l’imperatrice , & chargé de
fes ordres , courut en diligence , pour empêcher
que l’ordre de l’empereur ne fut exécuté , & que
Silverius ne retournât à Rome : mais l’ordre dé l’empereur
l’emporta. Vigile épouvanté du retour de
Silverius , & craignant d’être chaffé, manda à Belifaire
: Donnez-moi Silverius , autrement je ne puis
exécuter ce que vous me demandez. Silverius fut
donc livré à deux défenfeurs, & à d’autres ferviteurs
de V ig i le , qui le menèrent dans l’île Palmaria , où
ils le gardèrent, & il y mourut de faim le vingtième
de Juillet 538. après avoir tenu le faint fiege deux
ans.
Alors V igile pour accomplir la promeffe qu’il
avoit faite à l’imperatrice, donna à Antonine une lettre
pour Theodofe d’Alexandrie , Anthime dépofé
de C . P. & Severe d’Antioche, où il leur déclare qu’il
Ltber, VicÎfi*Tun»
chr.