
EX.
Son épifco-
pat.
e.i 7-.
H i s t o i r e E c c e e s i a s t i q j ) e .
voyant que les évêques avoient réfolu de faire dés
ordinations , malgré la défenfe ; i l f e cacha fi bien.,
que l’on ne pût le trouver , & qu’après l’avoir élu
en plufieurs lieux , on fut obligé d’en élire d’autres ■
mais quand il v it la plupart des églifes rem p lie s, &
les nouveaux évêques condamnés à l’éxil , i l crut le
péril pafle , 8c revint à.fon monaftere.
La ville de Rufpe étoit demeuré fans é v ê q u e p a r
l’ambition d’un diacre nommé Félix , qui avoit af-
fés de crédit pour empêcher l ’éleétion d’un autre,
8c trop peu de mérité pour fe faire, élire lui-même.
Les plus honnêtes gens de, la ville , fachant que S,
Eulgence étoit demeuré prêtre, s’adrefferent.au primat
V ié lo r , comme on lemenoit aCarthage ? & obtinrent
permiflion de faire ordonner faint Fulgence
par les évêques voifins. Alors on aifembla une tr®Url
pe n omb r e u f e& on alla furprendre faint Fulgen-1
ce dans fa cellule ayant, mal aux yeux : on le p r it, on
l ’amena , on le força d’être évêque, le conduifant à
celui quidevoft l’ordonner, & qui étoit averti. Quoique
faint Fulgence ne futpoint connu en ce lieu là,
il ne bailla pas d’attirer d’abord tous les coeurs par la
modeftie, de fon v.ifage 8c, de. fa démarché, & la
pauvreté de.fes habits. Le diacre ambitieux, aiî'embla
une groffe troupe, 8c fe mit en embufcade fur h
chemin, par où on devoir amener faint Fulgence à
Rufpe après fa confecration : maisle. peuple fans def
fcin LLj amena par un, autre chemin ; il fut mis dans I
fa cha ire , célébra les faints my ilere s, 8c donna la
communion à tout le peuple. Le diacre ccda à la
volonté de Dieu , 8c fe fournit : faint Fulgence le
reçût, avec bonté , & l’ordonna prêtre en fuite ; mais
L i v r e T r e n t i è m e . 1.3.5
f i l mourut dans l’année, 8c le procurateur qui avoit
Ifoûtenu fa brigue , tomba dans la pauvreté : faint
■Fulgencefut ordbnnél’an 308. étant âgé de quarante
■ans.
Il'conferva dans l’épifcopat les pratiques de la
■vie monaftique. Il ne porta jamais d'habits pré-
le ieu x , 8c ne fe difpenfa point des jeûnes. Il n’é-
itoitvêtu que d’une tunique fort pauvre, hyver 8c été,
■fans ufer de l’orarium comme tous les évêques : c’é-
-ftoit une écharpe de toile autour du c o l, donteil
avenu nôtre étole. Il ne portoit pas la chauifure des
jclercs ; mais celle des moines, 8c marchoit fouvent
jnuds pieds. La chafuble étoit alors un habillement
o rd in a ire qui couvroit tout le corps ^ mais il n’en
porta jamais de précieufe ou de couleur éclatante ,
fc i n’cn permit de telles à fes moines. Il portoit par def-
jfous un petit manteau noir ou blanc-, 8c quand il fai-,
ffoit doux, quelquefois dans le monaftere il ne portoit
■que le manteau. Il n’ôtoit pas même fa ceinture pour
■dormir ; 8c il offroit- le facrifice avec la même tu-
ijnique dans laquelle il couchoit, difant : que pour
■cette fainte aèiion, il falloir plûcôt changer de coeur
Ique d’habits. Jamais il ne mang,ea de ch a ir, mais feu-
Bement des herbes, des grains 8c des oe u fs , .tant qu’il
■fut jeûne, fans huile- Enfuite on»lui perfuada d’en
■ufer de peur d’affoiblir fa vûc . Jamais il 11e but
■de v in , que comme un remede, mais avec tant d’eau
■qu’il n’en fentoit point le goût. Avant qu’on aver-
■ tit les freres pour l’office de la. n uit, ilv e illo itp o u r
■ p r ie r , lire , diêter , ou méditer, étant détourné tout
■le jour pour les affaires de fon peuple. Quelquefois
■il defcendoit pour .c.elebrer les vigiles avec les autres.
R i i i
'MM
V. Norif. hifl,
Felag. u .c .v i t
V. Fulg* c i« ;