
L'V I I I .
Commencement
de S. Fulgence.
Vita e, i«
C. u
n e H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
des nouvelles ordinations fut fuivie d'une plus grande
trifteffe. Alors faine Fulgcnce fut ordonné évêque
de R up fe, ville célébré de la même province i
mais il devint lui-même fi illuftre, qu'il faut reprendre
ion hiiloire de plus haut.
Il étoit de la première nobleife de Carthage. Le
iènateur Gordien fon ayeul chaifé avec les autres
par Genferic paffa en Italie & y mourut. Deux de
îès fils revinrent en Afrique , dans l’efperance de recouvrer
fa fucceilion. Mais ils ne purent demeurer
à Ca rth age , où leur maifon avoit été donnée aux
prêtres A r ien s , & s’établirent à Telepte dans laBy-
zacene , ou le roi leur fit rendre quelques terres. L’un
d eux nomme Claude, epoufa Mariane femme chrétienne,
d o n ten 4 6 8 .il eut ce fils qu’il nomma Fulgence,
& mourut peu de tems après. Sa mere lui
fit d'abord apprendre le grec afin qu’il le prononçât
mieux ; & en effet il le parla toute fa v ie comme un
Grec naturel. Il fut obligé de bonne heure à prendre
la conduite de fes affaires : mais il fe dégoûta bientôt
de la vie du monde, & prenant plaifir à vifiter
fouvent des moines, il fut touché d’un defir ardent
de les imiter. Il cacha quelque tems fon deffein s’exerçant
dans la maifon de fa mere à la retraite , au
jeûne & à la priere; mais enfin touché d’un fermon
de faint Auguftin fur le trente-fixiéme pfeaume , il
refolut de fe déclarer.
Un évêque nommé Faufte, relégué par ordre
d Huneric près de fon diocefe , avoit bâti un monaftere
dans le lieu de fon é x i l , & y v ivo it fi fain-
tement, qu’il fe faifoit refpeéter de tous les chrétiens.
Saint Fulgence, qui en étoit fort connu, lui ouvrit fon
.
L i v r e T r e k t i e ’ m e ;
■coeur ; mais le faint évêque voyant un jeune homme
■noble , riche & élevé dans les d é lice s , le rebuta d’a-
Ibo rd , & ne le reçût qu’après l’avoir bien éprouvé.
■S a mere , quoique pieufe, fut fort troublée de fa re-
I t r a it e ; elle vint au monaftere, criant & fe lamentant,
■comme fi fon fils avoit été mort, & chargeant d’in-
■ ju r e l’évêque Faufte, elle le preffoit de le lui rendre.
BSainc Fulgence qui aimoit tendrement ía mere fut
■fenfiblement touché de fes cris , mais il demeura
■ fe rm e ; & après une telle épreuve le faint évêque ne
«fit plus de difficulté de l’admettre dans fa commu-
Jnaute. Plufieursde fes amis quittèrent le monde à
« o n exemple; & entrèrent dans des monafteres. Il
«aifTa tous íes biens a fa m ere, quoi qu il eut un frere,
.nomme Claude plus jeune que lui:mais il aima mieux
faue fon fre re , s’il feconduifoit bien , les tînt de la
lib é ra lité de fa mere.
■ La perfecution recommençant , l’évêque Faufte
^■ut oblige de changer iouvent de place pour fe ca-
Jcher : ce qui obligea faint Fulgence , de l’avisj de
^ ■ au fte meme , de paffera un monaftere voifin, dont
B abbe nomme Félix etoit ion ami dès la première
^■euneffe. Il voulut ceder â Fulgence le gouverne-
iment du monaftere , l’en jugeant plus capable que
^ ■u i ; & enfin du confencement de la communauté ,
.ois convinrent de le gouverner enfemble. Fulgence
« to it chargé particulièrement de l’inftru&ion des
« r e r e s & des hôtes : Félix du temporel & de l’hofpita-
m * tC’ ^ ùicurfion des barbares les obligea de quitt
e r leur monaftere pour chercher du repos plus loin,
■ s fortirent avec toute leur communauté, & après un
jaftez grand v o y a g e , ils s’arrêtèrent au territoire de