
j j i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
mens : choifis le genre de mort que tu voudras. Il répondit
: Faites-moi mourir de la maniéré que Dieu le
permettra. Ils réiolurent de lui couper la tête. Comme
il étoit en grande vénération pour fa fainteté,
tous les Lombards qui étoient. en ce lieu-li 4’affem-
blerent pour voir fa mort. Il demanda permiffion de
prier, 8c l’obtint. Il fe profterna par terre : mais celui
qui étoit choifi pour l’execution,trouvant qu’il prioir
trop lo n g - tem s , le pouffa du pied 8c le fit lever.
Etant à genoux 8c voïant l’épée tirée , il dit tout
haut ; Saint Jean arrêtez,-la. Alors l’executeur de-
' meura le bras levé , fans pouvoir l’abaiffer. Tous
les Lombards commencèrent à témoigner leur admiration
pour le faint. On le pria de guérir le bras
de l’executeur : mais il l’obligea auparavant à jurer
que jamais il ne s’en ferviroit pour tuer un chrétien.
Après qu’il l’eut promis le faint lui fit abaif-
fer le bra s ,. 8c remettre fon épée au fouteau. Ils
lui offroient tous en reconnoiffance de fa vertu , les
boeufs 8c les chevaux qu’ils avoient pillez : maisilleur
dit : Si vous me voulez donner quelque chofe , donnez
moi tous les captifs que vous avez pris, afin que
jaïe fujet de prier pour vous: ils les renvoïerent tous
f.u. avec lui. Dans la province de V alérie, les Lombards
pendirent à un arbre deux moines , qu’eux-mêmes
f. ii. crurent entendre chanter après leur mort. En un autre
quartier, l’abbé Soran avoir donné aux captifs
qui setoient fauvez des Lombards, tout ce qu’il avoit
d’habits & de vivres,, pour la provifion de fon mo-
naftere, 8c jufques aux herbes de fon jardin. Alors les
Lombards vinrent lui demander fon argent ; 8c comme
il leur dit qu’il, n’avoit rien , ils le tuerent.
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’m e . 573
Tandis que l’Italie étoit ainfi ravagée par les Lom- x x 1 r. , , „ a p r Anaftafe üutii
bards, [empereur Jultin ne iongeoit qua les plai- d'Amiochc. a c-
fir s , 8c s’abandonnoit lans réferve à fes> paillons. Il g°'re pat“ a:cbc-
chaffa d’Antioche le patriarche Anaftafe, fous pré- ^ n r-T-c.¡,
texte qu’il diifipoit les biens de l’églife : mais en e ffet
, parce qu’il le haïffoit. Quant Anaftafe fut élu
patriarche, il refufa à Juftin l’argent qu’il deman-
d o it , pour lui procurer l’agrément de l’empereur Ju -
ftinien. Etant devenu empereur, il apprit que comme
on demandoit à Anaftafe pourquoi il prodiguoit
les biens de l’églifc , il avoit répondu : De peur que
Ju ft in , la pefte du genre humain, ne les enleve. Enfin
Anaftafe répondant à la lettre fynodique de Jean Theqh. m. j. p„
nouveau patriarche d’Alexandrie, avoit taxé dans fa 10i'
lettre Jean d Alexandrie 8c Jean de C . P. fon eonfe-
crateur ,qui aïant grand crédit à la cou r, pouffa fans
doute la dépofition d’Anaftafe. Apollinaire patriar- c h r .
1 t , * i 1 • V 1 1, I * » Bvagr. y. c. che a Alexandrie etoit mort vers lan 370 . après
dix-neuf ans de pontificat, 8c Jean lui avoit fuc-
cedé.
A la place d’Anaftafe, Grégoire fut patriarche }*■c-
d’Antioche. Il pratiqua la vie monaftique dès'là
première jeuneffe», dans le monaftere des Byzantins
aux environs de Jerufalem , 8c s’y diftingua tellement,
qu’aïant à peine de la barbe ,. il en fut fupe-
-rieur. Il gouverna enfuite le monaftere de Pharan :
puis il fut abbé du Mont S in a , par ordre de l’empereur
Juftin ; & y fut expofé à de grands périls ,
jufques à foutenir un fiege des Arabes du delert : mais
il fit fi bien , qu’il procura à ce monaftere une paix
profonde. Il en fut tiré pour être mis fur le fiege
d’Antioche. Il avoit une grande force d’e fp rit, l’a-
C c c c iij