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An. 518. l’empereur eft catholique, que craignez-vous ? longues
années au nouveau Conitantin , longues années
à la nouvelle Helene. JuJline jiugufle tu •vmcas. ils di-
foient ces mots en latin , quoi qu’ils difent tout le
relie en g r e c , qui étoit leur langue ordinaire.
Ils continuèrent à faire plufieurs acclamations
femblables , en difant au patriarche : Ou forcez , ou
publiez tout à l’heure le concile de Calcédoine.
Anathême à Severe le Manichéen , le nouveau Ju -
t- 17s. das. Après qu’ils eurent ainfi long-tems cric ,8 e répété
les mêmes acclamations, le patriarche Jean
leur dit : Mes freres. ayez patience, que nous ayons
falué le faint A u te l, enfuite je vous ferai réponfe.
On voit ici la coûtume qui stebferve au commen-
-cement de la meife , de baifer l’autel avant que de
faluer le peuple. Le patriarche entia donc dans le
fan£tuaire avec fon c le rg é , ôe le ptuple continua de
crier : E h , je vous conjure , vous ne fortirez p o in t,
que vous n’ayez anathematifé Severe. Chaflez-le, je
vous conjure. Alors le patriarche monta fur 1 am-
bon, & dit : Vous fçavez , mes chers freres , les
combats que j ’ai foutenus étant prêtre , pour la foi
catholique, 6c que je foutiens encore jufques à la
mort, il ne faut donc point de bruit ni de tumulte ,
on n’a rien fait contre la foi : perfonne n’ofe anathe-
matifer le faint concile. Nous reconnoiffons pour
orthodoxes , tous les conciles qui ont confirmé le
fymbole de N ic é e ; ôe principalement ces trois : le
concile de C. P. le concile d’Ephefe , 6c le grand concile
de Calcédoine.
Après cette réponfe ils continuèrent les memes
acclamations pendant plufieurs heures, 6c ajoutèrent:
L i v r e T r e n t e - U n ie me . 1151
Lafête du concile de Calcédoine, annoncez-la tout An.
à l’heure. J e ne me retire point fi vous ne l’annoncez
, nous ferons ici jufques au foir : annoncez la fê te
pour demain. Le patriarche leur propofa d’attendre
le confentement de l’empereur. Mais le peuple
infifta, que la fête fût annoncée fur le champ,
6c le diacre Samuel le fit ainfi : Nousfaifons içavoir
a votre charité , que demain nous célébrerons la mémoire
de nos faintsperes lesévêques, qui ont été af-
femblezà Calcédoine, 8c qui avec ceux de C. P. 6c ,/■ î81’ I J L Menolog. 10»
d’Ephefe ont confirmé le fymbole de Nicee , 6c 7"i-
nous nous aifcmblerons ici. Les Grecs font encore
le même jo u r , c’elt-à-dire le dimanche le plus proche
du feiziéme de Ju ille t, la mémoire des fix cente
trente peres du concile de Calcédoine, 6c en même
tems des autres conciles généraux. Le peuple continua
de crier long-tems tout, d’une voix : Qu’on
anathematife tout à l’heure S e v e re , l’ennemi de
la T r in ité , l’ennemi des peres, qui a anathematifé
le concile.de Calcédoine: je ne fortirai point que
je n’aye réponfe. Alors le patriarche Jean fit prononcer
l’anathême contre Severe , du confentement
de tous les évêques prefens, dont douze font nommez,
Sc les premiers font Théophile d’Heraclée 6c
Theodote de Gangres. On le prononça en ces termes
: Tout le monde fçait que Severe s’eii rendu
coupable, en fefeparant de cette fainte églife. Nous
donc fuivant les canons 6c les peres, le tenons pour *
étrange r, ôe pour condamné, à caufe de fes blasphèmes
, 6c nous l’anathematifons.
Le lendemain lundi feiziéme de Ju i lle t , on cele- xxxv.
bra la fête des peres de Calcédoine ; 6c le patriar- du 16. Juillet.
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