
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
mettrai en feu tout le pais. L ’évêquc répondit par
S 7 7 * pçs legres : Il eft imponible que ce qui ne s’eft pas
fait du tems des heretiques arrive fous un roi chrétien.
Par ces hereticjues il entendoitles G o th s Ariens
qui avoient refpedte l'afyle de faint Martin. Sur cette
réponfe Chilperic envoïa une armée à Tours. C/é-
toit la fécondé année du regne de Childebert, c’eft-
à-dire l’an 5 7 7 .
Merouée voïant fon pere dans cette réfolution,
s’avifa d'aller trouver Brunehaut, qui étoit dans le
roïaume de Childebert fon fils. C a r , difoit-il, à Dieu
ne plaife qu’à caufe de moi l'églife de faint Martin
fouffre violence, ou que l’on ufurpe fes terres. Cependant
Gorttran- B o fo n , refugié au même afyle , envoïa
confuker une devinereife , qui répondit : que
le roi Chilperic mourroit cette année ; que Merouée
feroit enfermer fes freres , & prendroit feul tour le
roïaume : que Bofon gouvernerpit. c in q an s , & le
fixiéme feroit évêque d’une ville fu r ia Loire : c’eft-
à-d ire Tours. D ’ailleurs le roi Chilperic perfuadé
que Bofon avoit tué fon fils Theodebert, dans une
bataille donnée du tems de Sigcbert, le vouloit titrer
de l’afyle. Il envoïa donc par un diacre nommé
Baudegile , une lettre au fepulchre de faint Martin ,
par laquelle il le prioit de lui écrire, s’il étoit permis
de tirer Bofon de fon églifc. Avec cette lettre le
diacre mit fur le tombeau du faint un papier blan c ,
& attendit trois jours la féponfe : mais n’en aïant
point reçu il retourna vers Chilperic ; & le roi envoïa
d’autres gens, qui firent jurer à Bofon de ne point
fortir de cette églifc à l'infçû du roi. Bofon le jur
a , prenant à témoin le tapis de l’autel ; mais il
ne
L i v r e t r e n t e - q u a t r i e ’ m e . J 5 3
11c comptoit pour rien íes iermens.
Merouée de fon côté ne croïant pas à la devine-
reffe, mit trois livres fur le tombeau de faint Martin :
lep fau tie r, les rois, les évangiles ; & veillant toute
la nu it, il pria le faint de lui faire connoître ce qui
-lui devoir arriver, & s’il parvicndroit au roïaume.
Puis il paffa trois jours de fuite en jeûnes, en veilles
& en prières 3 S¿ s’approchant du facíé tombeau , il
ouvrit le livre des ro is , &. le premier verfet de la page
qu’il trouv a , portoit : parce que vous avez quitté
le Seigneur votre Dieu , pour fuivre les dieux étrangers
, il vous a livré aux mains de vos ennemis. Les
paifages des deux autres livres étoient auffi funeftes :
ainfi Merouée après avoir pleure très-long-tems au
fepulchre de faint Martin, fe retira avec Bofon , accompagné
de cinq cens hommes, pour aller trouver
Brunehaut. On voit ici un exemple de cette divinat
io n , nommée les forts des faints , déjà défendue par
-tant de conciles.
Cependant Chilperic aïant appris que Pretextar
évêque de R ouen, fajfoit des prefens au peuple contre
£ès intérêts, le fit venir près de lui ; & Païant 1
examiné, il trouva que Brunehaut lui avoit laiifé de
fes biens en dépôt. Il s’en fa ifit , & fit arrêter Pretextar
jufques à ce qu’il fût jugé par les évêques.
Pour cet effet il en affembla à Paris jufques à quarante
cinq , qui tinrent le concile dans l’églife de
faint Pierre. Le roi parla ainfi à Pretextar en ieur
prefence : Evêque,à quoi avez-vous penfé de marier
mon ennemi Merouée, qui devoit être mon fils, avec
fa tante ? Ne fçaviez-vous pas ce que les canons ont
ordonné fur ce fujet ? Vous n’en êtes pas demeuré l à ,
Tome V I I . F f f f
A n . S 77-
¡. Réf. I I . j .
xxxir.
Cinquième coa-
:ile de Paris. Prc-
extat.
Greg. V. c. I f,
U . V il. c. i 4.