
48 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n 49 ordres, 8c n’a pas permis qu’on en ordonnât d’autres :
comment pourroit-il gouverner une communauté
de cent "cinquante perfonnes? Quirice prêtre &
gardien de la croix étoit prefent, 8c leur d it: Eft-
ce vous qui l’avez reçu dans ce lieu , ou lui qui
vous y a reçus? Ils répondirent: C ’eft lui qui nous a
reçus; mais il eft; trop groffier pour nous gouverner
depuis que notre nombre cil augmenté. Le patriarche
leur d it : Allez , faites-y reflexion , 8c revenez
demain. Cependant il envoya quérir faint Sabas :
comme pour un autre fujet. Il fit auffi venir fes ac-
cufateurs, 8c l’ordonna prêtre à leurs y e u x , puis il
leur dit : Voilà votre pere, 8c l’abbé de votre Laure,
que Dieu a choifi, 8c non les hommes. J e me fuis procuré
mon propre av an tag e , en confirmant le choix
de Dieu. Enfuite il les prit avec faint Sabas, & le
prêtre Quirice; il alla avec eux à la Laure, 8c dé dia
leur ég life , que l’on nomma TheoCtifte; c’eft-
à-dire bâtie de Dieu. Il drefla dans la conque un autel
qu’il confacra , en mettant deflous plufieurs reliques
de martyrs. C ’étoit le douzième de Décembre
indiCtion quatorzième, la première année du
regne d'Anaftafe, la cinquante-troifiéme de l’âge de
faint Sabas, 49 1. de Jefus-Chrift.
La même année un Arménien nommé Jeremie fut
reçu dans la Laure avec fes deux difciples, Pierre 8c
Paul: 8c faint Sabas leur donna un petit oratoire ,
où il leur permit de faire l’office en leur langue lefa-
m e d i, & le dimanche. Ils attirèrent petit a petit
plufieurs Arméniens ; enforte que dix ans après faint
Sabas les transfera de leur petit oratoire dans la
Theoôtifte pour y faire leur office : mais à la charge
qu’après
i L i v r e T r e n t i e ’m ï . ■ 49
Iq u ’après qu’ils auraient lu l’évangile en leur lan gu e ,
fsils pafferoient dans l'églife des Grecs au temps de
Tobiation, pour communiquer avec eux aux faintx
myfteres. C ’eft-à-dire, qu’ils celebroient feparçmenc
ha première partie de la mefle , qui eft pour ■i’inftru-
«ftion, 8c fe réunifloient pour le facrifice. Et comme
quelques-uns de ces Arméniens chantoient Je T r i-
■agion , avec l’addition de Pierre le Foulon : Crucifié
pour nous, faint Sabas leur ordonnade le chanter en
Grec , fuivant l’ancienne tradition de l’églife , fans
cette addition.
■ Deux ans après faint Sabas bâtit un monaftere à
une lieue de la Laure , en un lieu nommé C a fte l,
011 l’on croyoit qu’il revenoit des démons : faint Sabas
y mettoit ceux qui étoient les plus avancés dans
la perfection monaftique. Pour les novices, il avoic
un petit convent au côté feptentrional de la Laure ,
■où il les faifoit demeurer , fous la .conduite de
quelques hommes mortifiez 8c vigilan s; jufques à
ce qu’ils euiTent appris le pfeautier, 8c la difeipline
ieguliere. Mais il ne permettoit de demeurer dans
les cellules difperfées de la Laure , qu’après de
grandes épreuves, il ne recevoir point dans la Lau-
xe de jeunes g en s , mais il les envoyoit à l’abbé
jTheodofe, qui avoit bâti un monaftere à une lieuë
■& demie de la Lau re, 8c v ivo it avec lui dans une
étroite union.
jT h e o d o fe étoit auffi de Cappadoce. Dès fa jeu-
neffe il fut ordonné le c teur, 8c touché de ce qu’il
lifo it, il refolut de quitter fon pais, 8c d’aller en Pa-
jgiftine, dans le tems que l’on tenoit le concile de
Bâakedoine. PaiTant par la Syrie il alla voir faine
Terne V U . Q
A n . 49 t .
p.
H. i p .
1t. z t .
XXV-,
S. Theodofe,
Vit a S. iCh. ap.
Boíl. h. Ja n . c.i