
242. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n. 519. Quand ils furent arrivez à Theffaionique , le
comte Licinius en avertit Dorothee, qui envoya un
prêtre nommé Ariftide avec deux eveques , qu il
fçavoit être les feuls oppoiez à la réijnion. ils voulurent
d'abord difputer avec les R om a in s , en difant:
qu’il y avoit des articles à corriger. Les Romains
dirent: Cela n'eftpasen nôtre pouvoir. Si vous voulez
faire la réünion , Dieu foit loüé : finon , nous
vous avons faluez, nous pafferons outre. Ils fe fepa-
re ren t, 8c revinrent le lendemain tenir le njeme dif-
cours. Mais avant que les Romainseuffent ftppondu,
ou que l’on fût entré en difpute, le peuple furieux
fe jetta fur l’évêque Jean légat du pape. On tua deux
de fes domeftiques, on le bleffa lui-même a la tete
en deux endroits, 8t aux reins ; 8c ils auroient ete tous
‘tu e z , s’ils ne fe fuffent fauvez dans le baptiftere de
l’églife de faint M a rc . 8c s’ils n’avoient été fecourtfs
par la puiffance publique. Toutefois le peuple tua
encore 8c mit en pièces un catholique nommé Jean ,
qui avoit reçûles Romains dans fa maifon , 8c qui
avoit toûjours étéféparé de la communion de 1 archevêque
Dorothée , a caufe du concile de Calcédoine.
On fçut depuis que Dorothée avoit excité le peuple
, en faifant entendre que l’églife alloit etre per-
fecutée. Deux jours avant l’arrivée des Romains, il
baptifa plus de deux mille perfonnes, quoique hors
le tems pafcal : comme s’il eût été à craindre que
les enfans ne mouruffenc fans baptême ; ôc il fit dif-
tribuer au peuple l’euchariftie à pleines corbeilles, 8c
en fi grande quantité qu’ils avoient de quoi communier
long-tems. Ce qui montre qu’il étoit cn-
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corc en ufa^e que les laïques, en cas de befoip, em-
portoient l’euchariftie dans leurs maiions, pour fe
communier eux-mêmes. Apres que la violence eut
éclaté contre les légats , Dorothée déchira devant le
peuple le libelle de réünion qu’il avoit fait avec fes
évêques , en difant : Je n’en ferai rien , tant que je
v iv r a i, 8c neconfentirai point qu'on lefaffe. Comme
les Romains étoient cachez dans le baptiftere, les
fchifmatiques , ayant délibéré entre eux , voulurent
les faire embarquer la nuit, fous pretexte de les délivrer
de ce péril : mais en effet, pour lesjetter dans
la mer. Les Romains répondirent par les diacres De-
metrius 8c André : Tout le monde fç a it , que nous
fomrhes chez vous. Si vous voulez véritablement
nous fau v e r , faites-nous demain appeller fecrette-
ment par cinq ou fix fenateurs , 8c le comte Candide
, dont les biens 8c les vies répondront de nous :
qu'ils fçachent où on nous emmene, 8c nous ferons
ce qu’ils voudront. L es fchifmatiques ne repondirent
rien pour lors : mais le lendemain ils exciterent
encore une fedition, dont les Romains fe fauverent
à grande peine.
Ces nouvelles ayant été portées à C. P. tous, les
catholiques en furent fort affligez, L empereur promit
d’en faire juftice ; 8c donna ordre pour amener
à C. P. Dorothée 8c les autres évêques coupables.
Car les légats lui declarerent, que le pape ne pou-,
voit compter Dorothée pour eveque, ni le recevoir
à fa communion , ni ceux, qui communiqueroient
avec lui. Mais l’évêque Je an 8c le prêtre Epiphane,
qui étoient encore à Theffaionique, envoyèrent aux
leffatsàC. P. une inftruélion où ils difoient : Si pour
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Indicé. 1
D.