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518 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
conful en ^14 . préfet du prétoire fous Athalarie
Theodat & Vitige. Après la chute de ce prince 1 &
vers l’an J4 0 . il quitta le monde âgé d’environ foi-
xante & dix a n s ,& fe retira au monaftere de .Viviers,
qu’il bâtit dans une de fes terres près du lieu de fa
c: 13' nàiffance. La petite riviere de Pelene qui y paffoit
arrofoit les jardins, & faifoit tourner les moulins.
La mer étoit fi proche que les moines y pouvoient
aifément pêcher ; & on avoir pratiqué dans la montagne
des réfervoirs pour conlerver lé poiifon. Il y
avoit des fontaines qui fournifïbient de l’eau pour
boire- & pour les bains, à l’ufage des malades,. Les
58. moines trouvoient toutes fortes de commoditez fans
fortir du monaftere. Il y avoit dés lampes cbmpofées
avec tel artifice , qu’elles brûloient long-tems farls
qu’on y touchât, des horloges au foleil & des clep-
fydres ou horloges d’eau; maisfurr-tout il y avoit une
riche bibliothèque. Dans le monaftere de Viviers
étoient des coenobites ; & tout proche fur la montagne
étoit le monaftere de Caftel pour les anachorètes,
qui après^avoir été éprouvez dans la communauté
étoient jugez capables d’une plus parfaite foli-
tude. Ainfi ce monaftere étoit double ; & c’eft apparemment
par cette raifon qu’il avoit deux abbez,
Calcedonius & Geronce.
Dans cette retraite, Caftiodore compofa plufieurs
ouvrages. Premièrement un commentaire fur les
pfeaumes. Car aïant commencé à les goûter , il s’y
appliqua entièrement ; mais y trouv'ant beaucoup
d’obfcurité , il eut recours au commentaire de fairtt
Augu ftin , & en fit un lui-même, tiré non-ieulement
de ce pere, mais de plufieurs autres. Enfuite il com-
P°fa
Ml!,
L i v r e t r e n t e - t r o i s i e ’ m e . j i ?
pofa l’inftitution des divines écritures , qui eft une
inftrudtion à fes moines, fur la maniéré de les étud
ier, & il la commence ainfi : Voïant avec quelle
ardeur on étudioit les lettres humaines, j’ai été fenfi-
blement affligé, de voir qu’il n’y avoit point de pro-
feffeurs publics des écritures divines. Je m’efforçai de
faire avec le pape Agapit, que l’on en établît à R o me
a frais communs ; comme on dit qu’il y en a eu
lo/ig-tems à Alexandrie, & que les Ju ifs en ont encore
â Nifibe : mais les guerres & les troubles de l’Italie
aïant rendu entièrement impolïible l’accomplif-
fement de mon defir , j’efpere y fuppléer en quelque
façon par cet ouvrage.
Il veut que l’on entende l’écriture fuivant les explications
approuvées des peres : que d’abord on apprenne
le pfeautier par coeur ; puis qu’on life tout le
refte du texte dans des exemplaires correéls, jufques
à fe le rendre très-familier : eftimant heureux ceux
qui peuvent le fçavoir par coeur. Il exhorte à étudier
par ordre , & donne le plan de fon ouvrage , divifé
en deux livres : le premier de l’écriture fainte , le fécond
des arts libéraux. Entrant en matière il marque
en particulier les écrits des peres fur chaque livre de
l’écriture, qu’il confeille de lire, & qu’il avoit dans
fa bibliothèque. Ce n’étoit pas feulement des peres
La tin s, mais des Gre c s , qu’il avoit pris foin de faire
traduire. En parlant d’Origene , il marque que plufieurs
peres l’ont noté comme hérétique , & qu’il
vient d’être condamné par le pape Vigile. Ce qui
peut faire croire qu’il écrivoit cet ouvrage peu de
tems après le cinquième concile. Toutefois en parlant
des conciles généraux, immédiatement après l’é-
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Prtf. in/lit*
c. 1 . 1 . j.
t. loi