
j 3<j H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fils n’a pas été guéri. Le roi comprit que ion fils ne
gueriroit p o in t, qu’il ne crût Jefus-Chrift égal à fon
Pere : c’eft pourquoi il commença à bâtir une églife
magnifique en l’honneur de faint Martin , &c quand
elle fut achevée , il dit : Si je fuis aifez heureux pour
recevoir des reliques de ce fa in t, je croirai tout ce
qu’enfeignent les évêques.
Il envoïa donc encore les fiens avec un plus grand
prefent. Etant arrivez à Tours ils demandèrent des
reliques. On offrit de leur en donner fuivant la coutume
: c’eft-à-dire , des linges ou d’autres draps, qui
euffent été quelque tems fur le tombeau ; mais ils dirent
: Permettez-nous de mettre nous-mê'me ce que
nous emporterons. Alors ils mirent fur le fepulchre
du fa in t, une piece d’un drap de foie après l’avoir
pefée, & dirent : Si nous trouvons grâce devant nôtre
faint patron, ce que nous avons mis pefera demain
davantage , & nous le garderons comme une
Benedittion. Après donc avoir veillé une n u it , le
lendemain matin ils peferent le drap de foi'e : mais
le poids s’éleva autant que la balance put monter.
Comme ils emporroient cette relique avec grande
folemnité , les prifonniers de la ville les entendirent
chanter ; ils demandèrent ce que c’é to it, & on leur
dit : Ce font des reliques de faint Martin, que l’on
envoie en Galice, Les prifonniers invoquèrent le
fa in t , furent délivrez , vinrent jufques aux reliques
remercier leur libérateur, & l’éveque obtint du ju-
<xe leur grâce. Les envoïez de Galice en eurent une
grande jo ïe , ne doutant point que le faint ne leur
fût favorable , 5c après une heureufe navigation ils
grriyerept chez çux:. Les reliques furent reçûës avec
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’m e . 53 7
une extrême vénération : le fils du roi parfaitement
guéri vint au-devant j le roi reconnut l’unité du Pere
& du Fils ôc du faint Efprit \ & fut oint du faint
chrême avec toute fa maiion ; & les lepreux qui
étoient en grand nombre dans fon peuple, furent
tous guéris. Il fe fit quantité de miracles en la nouvelle
églife de faint Martin, &c le peuple étoit fi zélé
pour la religion catholique, qu’il eût fouffert le martyre
, s’il en eût eu l’occafion. C ’eft ainfi que cette
hiftoire eft rapportée par Grégoire, qui fut évêque
de Tours environ douze ans après.
Cette converfion fe fit principalement par les travaux
d’un autre faint Martin , que la providence fit
arriver en Galice, en même tems que les reliques y
arrivoient. Il étoit de Pannonie auflî-bien que faint
Martin de Tours ; & étant allé en Orient vifiter les
faints lieux , il fe rendit un des plus fçavans hommes
de fon tems. Ce fut donc lui qui donna aux Sueves
de Galice la réglé de la foi ; qui affermit les églifes,
fonda des monafteres, compofa des livres de pieté ,
& écrivit grand nombre de lettres, pour exhorter
les nouveaux convertis à la pratique de toutes
les vertus. Saint Martin fonda entre autres le mo-
naftere de Dume , dont il porta depuis le nom :
c’eft un lieu proche de Brague , où par le fecours
du r o i , il établit une communauté fous la réglé de
faint Beno ît, qu’il introduifit par conféquent en Ef-
pagne.
• Peu de tems après fous l’ere 600.. le feptiéme des
calendes de Janvier j c’eft-à-dire le vingt-fixiéme de
Décembre 5 6 1. le roi Theodomir fit tenir un concile
dans la ville de L u g o , pour confirmer la foi
T o m e V i l . Y y y
IV.
Saine Martin
de Dume.
Fortu». lib. V.
carm. r.
Greg. V■ bi(l. c.$8.
ifid. de llluftr.
c.
ld . Chr. Sttev. p l
V. A cl a SS. Berû
to. i.f>. t é l.
to. $. conc. p. 874.'