
jp S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
“ ------------ neveu Childebert & moi. Etant donc de retour à
A n . 5 7 7 . Roüen , je rendis un balot aux gens de Brunehaut :
car ils n’en pouvoient porter davantage. Ils revinrent
demander les-autres : je vous confultai encore , vous
me dîtes .-Défaites-vous, défaites-vous de tout cela,
de peur que ce ne foit une caufe de fcandale. Je leur
donnai encore deux balots , les deux autres font demeurez
chez moi. Pourquoi donc me calomniez-
vous maintenant, en m’accufant de larcin, lorfqu’il
ne s’agit que d’un dépôt ? Le roi repartit : Si c’étoit un
dépôt pourquoi avez-vous ouvert un de ces balots,
& mis en pièces un drap d’o r , pour le donner à des
gens qui me vouloienc chaifer de mon roïaume 1 Je
vous ai déjà d it, reprit Prétextât, qu’ils m’a voient
fait des prefens, &c que n’aïant pas en main dequoi
leur donner j j’en ai pris de-là : comptant pour mien,
ce qui i ¡étoit à mon fils Merouée, que j ’ai levé des
fonts de baptême.
Le roi Chilperic fe retira con fu s , & appellant
quelques-uns de fes oonfidens, il leur dit : Je fçai
que l’évêque dit v r a i, 'mais que ferai-je pour contenter
la reine ? Puis il ajouta t Allez lui dire, comme de
vous-mêmes : Vous fçavez -que le roi Chilperic eft
b o n , & qu’on le porte aifément à pardonner. H umiliez
vous .devant lui , & dites que vous avez fait ce
qu’il vous reproche. Alors nous nous jetterons tous
à;fes pieds, &c nous obtiendrons votre .pardon. Prétextât
feduit par ce difeours,promit de faire ce qu’on
lui propofoit. Le lendemain les évêques étant aflem-
blez au même lieu , le roi dit à;Pretextat : Si vous ne
faifiez des prefens à ces gens-ià que par reconnoif-
i fance, -pourquoi leur avez-vous demandé de jurer
L i v r e t r e n t e - q u a t r i e ’ m e . 599
fidélité à Merouée J Prétextât répondit : J ’avouë que
je leur ai demandé leur amitié pour lu i, & fi j’avois
pu j ’aurois appellé à fon fecours, non feulement un
homme, mais un ange du ciel : parce qu’il é to it,
comme j’ai déjà d i t , mon fils fpirituel par le baptême.
Et comme la difpute s’échaufoit, Prétextât fe
profterna à terre , & dit : J ’ai péché contre le ciel &
contre vous roi très-mifericordieux, je fuis un homicide
abominable 3 j ’ai voulu vous faire mourir , &
mettre votre fils fur votre trône. Le roi de fon côté
fe profterna aux pieds des évêques/en difant : Ecoutez
très-pieux évêques, le crime execrable que con-
felfe l’accufé. Les évêques les larmes aux y e u x , relevèrent
le roi de terre. Il commanda que Prétextât
fortît de l’églife', ôc fe retirât à fon logis. ,
Alors il envoïa au concile un livre de canons, o h
l ’on avoit ajouté un nouveau cahier , contenant de
prétendus canons des apôtres, qui portoieiit : L e-
vêque convaincu d’homicide, d’adultere & de parjure
, doit être privé du facerdoce. Après cette lecture
, comme Prétextât étoit tout étonné, Bertran
de Bourdeaux lui dit : Ecoutez , mon frere, puifque
vous êtes dans la difgrace du r o i , vous ne pouvez
avoir notre communion qu’il ne vous ait pardonné.
Enfuite le roi demanda, ou qu’on lui déchirât fa
tunique, en figne de dépofition , ou que l’on recitât
fur fa tête le pfeaume cent huitième, qui contient
les maledi&ions de Ju d a s , ou que l’on écrivît contre
lui une fentence d’excommunication perpétuelle.
Grégoire refifta à ces propofitions , fondé fur la
promefle du roi de ne rien faire que fuivant les canons.
Alors Prétextât fut enlevé de la prefence des