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Martyr. 2?. 5.
Dec*
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Schifine à
Alexandrie»
Liber• bren.
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3 3 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Décembre, appella les peres de la laure, 8c leur donna
pour abbé Mélicas de B e ry te , l’exhortant à con-
ferverles traditions de fes monafteres, qu’il lui donna
par écrit. Il demeura quatre jours fans rien prendre»
8c fans voir perfonne ; ôc le famedi au foir ayant
demandé 8creçu la communion, il mourut. C ’étoit
le cinquième de Décembre, in d id ion dix ième, la
fixiéme année de Juftinien , c’e ft-à -d ire , l’an 531. Il
étoit dans fa quatre-vingt-quatorzième année. Les
Grecs prétendent encore aujourd’hui fuivre dans les
offices d iv in s , l’ordre établi dans la laure de S. Sabas.
L ’églife d’Alexandrie étoit dans une étrange con-
fufion. Les E utyq uien sy dominoient : mais divifez.
en deux fed e s : dont voic i l’origine. Severe le faux
patriarche d’Ahtioche , étant refugié à Alexandrie»
un moine lui demanda, il on devoit dire que le
corps de Jefus-Chrift fut corruptible, ou incorruptible.
Severe rép on d it, que les peres l’avoient recon-
nù corruptible. Autrement ce feroit nier la vérité
de fa paffion, 8c lui donner un corps fantaftique, 8C
im ag ina ire, comme les Manichéens. On propofa la
même queftion à Julien d’Halicarnafle ., refugié en
un autre lieu d’Egypte 8c lu i, fuivant les principes
d’Eutychès , dit : Le corps de Je fu s -C h rill a toujours
ete incorruptible. Car il nous difons qu’il étoit
corruptible , nous admettons de la diftindion entre
le corps de Jefus-Chrift 8c le verbe de Dieu , 8c pas
confequent deux natures en Jefus-Ch rift : 8c pourquoi
donc combattons nous le concile de Calcédoine
? Chacun voulant foûtenir fon opinion , Severe
8c Julien écrivirent lrun contre l’autre , 8c leurs
écrits diyiferent le peuple d’Alexandrie. On nom?
L i v r e T r e n t e - D e u x i e ’m e ; 333
ma Corrupticoles les fedateurs de Severe : c’eft-
à-dire, adorateurs du^corruptible ; 8c on appella les
partifans de Julien Incorruptibles ou Phantafiaftes.
Un diacre d’Alexandrie nommé Themiftius , fit un
fchifme particulier : fe feparant de la communion
du patriarche T im o th é e , qui favorifoit tantôt l ’un,
tantôt l’autre parti.
L ’empereur Juftinien manda à Timothée de v e nir
à C. P. voulant l ’obliger à fe réunir aux catholiques,
ou le chaffer du fiege d’Alexandrie : mais
comme il fe preparoit à partir , il mourut après environ
dix-huit ans d’épifcopat. Sa mort fortifia le
fchifme , par les brigues de deux compétiteurs. Le
clergé 8c les puiflances feculieres favorifoient Theo-
dofè , homme de lettres, difciple de Severe , 8c de
la fed e des Corruptibles tmais les moines 8c le peuple
portoient l’archidiacre Gaïen , difciple de Ju lien
8c de la fed e des Phantafiaftes. C ’étoit la coutume
à Alexandrie » que le nouvel évêque veilloit
auprès du corps de fon predeceiTeur , mettoit la main
iur fa tê te , l’enfevelifloit lui-même : puis mettant à
fon cou le pallium de faint M a r c , prenoit poflelfion
du fiege.
Theodofe fut ordonné le foir dans la c,athedrale
fur un décret du clergé, à la pourfuite du chambellan
Calotychius , qui étoit du parti de l’imperatrice : de
1 autorité du prefet Diofcore 8c du duc Ariftomaque.
Mais quanti il voulut faire les funérailles de fon
predeceiTeur, le peuple 8c les moines, q u in ’avoiens
point eu de part à fon é le d io n , s’y oppoferent, le
chaflerent de Téglife , 8c introduifirent Gaïen. Celui
ci avoit pour lui quelques-uns du clergé , les
T t iij
Sup. liv. XXX
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Liber. breVi
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