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niant que le concile l’eût approuvée. Eh quoi leur
intention étoit de furprendre les ignorans : afin qu’en-
fuitc quand on montreroit, comme il eft très-facile,
que le concile a reçu cette lettre, nous n’euflions plus
rien à répondre aux Eutyquiens, qui accufent le
concile de Neftorianifme. Ainfi fous ce faux prétexte
de réunion , on leur a accordé non-feulement
d’anathématifer la lettre d’Ibas , mais encore fes approbateurs.
Voulant donc m’oppofer à cette entre-
prife , 8c fçachant la coutume des Eutyquiens, d’ac-
cufer de Neftorianifme tous ceux qui défendent
contre eux la vérité , je commencerai par expliquer
ma foi touchant l’Incarnation de Jefus-Chrift. Fa-
cundus emploie le refte du premier livre a cette ex-.
pofîtion de fa foi : où il foutien t, qu’il faut reconnoitre
deux natures en Je fu s -C h rift, & non pas une
nature compofée ; il explique les paffages de faint
C y r ille , & montre que la comparaifon de lame 8c
du corps unis en chaque homme , eft imparfaite :•
puifque ces deux parties ne font qu’une nature humaine
, étant faites l’une pour l’aurre.
Dans le fécond livre Facundus déclare qu’encore
que la condamnation des trois chapitres porte le
nom de l’empereur, il n’en reconnoît pour auteurs
que les ennemis du concile de Calcédoine : puis entrant
en matière, il foutient que quand même le concile
n’auroic pas expreffément approuvé la lettre d’I b
a s , on ne la pourroit condamner fans condamner
le concile , parce qu’il approuve d’ailleurs ceux qui
loüoient Theodore de Mopfuefte. Il ajoute que les
Eutyquiens ne condamnent cette lettre que parce
qu’elle reçonnoît les deux natures. Ils difent qu’ils la
k condamnent
L i v r e t r e n t e t r o i s i e ’ m e . 4 5 7
condamnent, parce qu’elle traite mal faint Cyrille :.
mais il a été plus mal traité par Gennade de C . P. &
par faint Ifidore de Pelufe , dont ils ne fe plaignent
point. Ils d ifen t, ajoûte-t-il, qu’ils attendent la dé- c i-
cifîon du pape Vigile : mais il ne combattra pas les
décifions de faint L éo n , & de fes autres prédecef-
feurs , qui ont approuvé le concile de Calcédoine.
Ce n’eft pas pour détruire les fentimens de fes peres,
mais pour les foutenir 8c les défendre, qu’il a reçu
la première 8c la plus grande puiflance.
L ’auteur vient enfuite à la juftification de Th éo - Lib.m.c.y.
dore de Mopfuefte ; & foutient premièrement, que
jamais on n’a ufé contre aucun heretique de la fo rmule
que l’on emploïoit contre lui : Si quelqu’un
n’anathématife pas Théodore 8c fa doétrine , qii’il
foit anathême : parce que plufieurs fideles peuvent
ignorer la doétrine 8c les noms mêmes de plufieurs
heretiques. On accufe Théodore d’avoir été le mai- *. ».
tre de Neftorius : mais aïant foutenu la foi contre
Paul de Samofate , il l’a défendue auffi par avance
contre Neftorius. On veut que Théodore foit l’auteur
du fymbole déféré par le prêtre Ca rifiu s, ôc
condamné au concile d’Ephefc : mais ni le concile a * .«
ni faint Cyrille ne le difent point. Facundus répond * ;■ *■ s-‘ -
en particulier aux principales objections tirées des
écrits de Théodore : puis il vient à l’autorité de faint
Cyrille. Quand il feroit v r a i, d i t - i l , qu’il auroit Lib.n.c.t.
blâ.mé Théodore de Mopfuefte , on ne feroit pas
plus obligé de l’approuver, qu’en ce qu’il a dit contre
faint Jean Chryfoftôme , 8c contre Diodore de ¡jiS
Tarfe : qui a été loué par les peres 8c par les princes
catholiques , & n’a été condamné que par les
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