
5 4 * H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
qui étoit Arien Ü & met dans fa lettre plufieurs paf-
¿ g e s de l‘écriture , & plufieurs raifons contre cette
heréfie : conjurant la reine de bien lire cette lettre ,
8c de l’expliquer fouvent au roi. Il finit par un argument
plus proportionne a lefprit des barbares.,
tiré des miracles qui fe faifoient dans les eglifes des
catholiques, 8c non dans celles des Ariens. I l les
renvoie à l’églife de faint Martin , a faint Germain
d’Auxerre , à faint H ila ire , a faint Loup de T ro ïe s ,
&c ajoute : Que dirai-je de faint Remi & de faint
M ed a rd , que vous avez v û s , comme je croi. Vous
avez oiii dire à votre aïeule Clotilde d heureufe mémoire
, comme elle vint en France , 6c comme elle
convertit le roi C lo v is -à la religion catholique.
Comme il étoit fort habile il ne voulut point fe
rendre qu’il ne connut la vérité. Mais aïant vu les
preuves de ce que je viens de dire , il fe profterna
humblement à la porte de faint M artin, & fe fit
baptifer (ans délai. Vous fçavez les avantages q u il
eut depuis fon baptême contre les rois Alaric 8c Gondebaud
, hérétiques.
Quelque tems après faint Nicet écrivit a Tempe-
S>1" reur Ju ftin ien, par un prêtremqmmé L a itan c e , qui
étoit venu en Gaule vifiter les lieux faints. Dans cette
lettre le faint évêque exhorte fortement l’empereur,
avec toute l’autorité que lui donnoient fes v e rtu s ,
8i près de quarante ans d’épifeopat, a renoncer a
Terreur qu’il avoit embraffee fur la fin de fon rçgn c ,
8c pour laquelle il avoit pcrfecute de faints eveques.
I l lui déclare nettement que toute l’Italie , 1A -
fr iq u e , TEfpagne 8c la Gaule anathématifoient fon
nom.
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’m e . 545
Saint Nicet mourut peu de tems après, 8c eut
pour fucceiTeur dans le fiege de Trê ves, S. Magneric
fon difciple, qui fonda un monaftere en l’honneur
de faint Martin de Tours , au. même lieu où ce faint
avoit établi une églife ; & ce monaftere fubfifte encore.
Saint Magneric éleva dans fon clergé S. Gauge-
ric , depuis évêque de Cambrai.
L ’erreur de l’empereur Juftinien , fur laquelle S. v in .
Nicet lui é c r iv it , étoit celle des Incorruptibles, re- nie"'“' ' Ju "
jettons des Eutyquiens : qui lui fut infpitée par quel- Sut' xxx11' ”■&
ques Origeniftes, 8c principalement comme Ton
croit par Théodore de Cappadoce. C ’eft où aboutit
enfin l’inquiétude de l’empereur , 8c fa curiofité
fur la religion. Il dreifa donc un é d i t , ou-il d ifo it , EvagK
que le corps de Jefus-Chrift étoit incorruptible : Vita S. Eutyeh.
c’eft-à-dire, que dès qu’il fut formé dans le fein de %’f ‘^y.' HP c‘
fa fainte m ere, i l n’étoit ffufceptible d’aucun changement
ni d’aucune altération , pas même par les
paillons naturelles & innocentes, comme la faim 8c
la foif. Enforte qu’avant fa mort il mangeoit fans
be fo in , comme après fa rcfurreétion. Juftinien voulut
que tous les évêques approuvaffent cette doétri-
n e , 8c s’efforça même d’y .attirer fix évêques A fr i-
quains, qu’il avoit fait venir à C . P. Tan564. trente
huitième de fon regne. Ils étoient tous grands dé-
fenfeurs des trois chapitres , entre autres Viétor de vichr.Tun.chr,
Tunone. Mais ils lui refifterent en fa c e , auifi-bien ’n^nc'
qu’au patriarche Eut-yquius, qu’ils regardaient comme
heretique, parce qu’il avoit prefidé à la condamnation
des trois chapitres. Aufll furent-ils féparez
les uns des autres, 8c enfermez en.divers monafteres
de Conftantinople.