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on donnoit à chacun un livre de la bibliothèque,
pour le lire de fuite. Pendant les heures de la lectu
re , un ou deux anciens viiïtoient le monaftere,
pour voir li quelqu’un dormoit ou s’amufoit à cau-
f e r , 8c interrompre les autres. Le dimanche tous
étoient occupez a la leêlure, excepté ceux qui étoient
chargez de divers offices. Si quelqu'un ne pouvoit
méditer ni lire , on le faifoit travailler à la place.
On donnoit des travaux plus fa c ile s , à ceux qui
étoient foibles 8c délicats.
c. 50. Ceux qui travailloient trop loin , pour ven ii à
l ’oratpire aux heures marquées, fe mettoient à g e noux
au lieu du tra v a il, 8c y faifpient leurs prières :
ceux qui étoient en chem in, diioient auffi l’office
aux heures, félon qu’ils le pouvoiem, Perfonne ne
choififfoit fon travail : mais il étoit impofé par les
c. j7» fuperieurs. Çeux qui fçavoient des métiers ne les
pouvoient exercer que par la permiihon de l’abbé ,
en toute humilité. Que fi quelqu’un , dit faint Ben
o ît , s’élève de la fcience de fon art , s’ imaginant
apporter quelque utilité au monaftere , on le retirera
deTon métier. Si l’on vend quelque ouvrage,ceux
qui en feront chargez, prendront garde également
,à ne rien retenir du prix , en fraude du monaftere}
8c à ne les pas augmenter par avarice : mais ils donneront
toûjours les ouvrages un peu à meilleur marché
que les feculiers, afin que Dieu ioit glorifié en
tout. Cette diftinrftion des artifans , fait voir que le
commun des moines n’étoit que de fimples ouvriers,
comme les gens de journée; 8c que les plus nobles ,
fe reduifoient par humilité au rang du plus bas
peuple, Ils n’avojent point befpin d’étude pour entendre
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tendre la langue latine, qui étoit encore vulgaire.
Ils étoient fimples laïques, il ne paroît pas que
faint B en o ît, lui-même, ait eu aucun rang dans le
clergé. Toutefois il p rê ch o it, puifqu’il convertit
plufieurs infideles par íes inftruólions ; 8c il envoyoic
fouvent fes moines faire des exhortations à des
religieufes voifines. Si un prêtre , d i t - i l , veut être
reçu dans le monaftere , on ne fe preffera pas de lui
accorder. Mais s’il perfifte , il doit garder toute la
regle, fans aucune difpenfe. On lui accordera toutefois
la première place après l’abbé , 8c de donner la
benediêtion, 8c prefider à l’office , fi l’abbé l’ordonne.
Mais dans les aftemblées pour les affaires, il ne
tiendra que le rang de fon entrée au monaftere. Si
quelqu’un des clercs inférieurs veut être reçu au monaftere
, on lui accordera un moindre rang. Si l’abbé
veut faire ordonner un prêtre ou un diacre , il
choifira d’entre les fiens, celui qu’il en croira digne.
Mais le nouveau prêtre n’en fera pas moins fournis
à la difcipline reguliere, 8c aux fuperieurs. Que s’il
eft rebelle , il pourra être châ tié , 8c même chaffé du
monaftere : toutefois avec la participation de l’é-
veque. Toutes les heures de la journée font tellement
remplies par la regle , qu’on n’y voit point de
place pour la meffe , les jours ouvriers. Ce qui fait
croire que les moines ne l’entendoient que le dimanche.
Quant à la nourriture , faint Benoît donne à chaque
repas deux portions cu ite s , afin que celui qui
ne pourroit manger de l’u n e , mangeât de l’autre. Le
mot de pulmentanum, dont il fe fert, fignifie proprement
deslegumes, ou des grains réduits en boüillie
Tome V i l . Q__q
Vita c» 1 9,
Reg, c> 6o» *
c.61,
XVI.
Nourriture*
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