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Il ne faut donc pas trouver mauvais, que le concile
de Calcédoine n’ait pas condamné Th éod o re ,
quoiqu’il y ait quelque cnofc à reprendre dans fes
écrits : puifque le concile a pû l’ignorer , ou croire
c. i. que ces paifages avoient été infcrez par fes ennemis,
ou qu’ils pouvoient avoir un bon fens. D ’autant plus,
qu’il a lui-même corrigé quelques endroits de fes
écrits que l’on reprenoit : ce qui montre que s’il s’eft
quelquefois trompé , il n’a point été opiniâtre, ni
+• par confequent heretique. Quand même on auroit
accufé Théodore dans le concile de Calcédoine , le
concile n’auroit pas dû condamner un homme mort
dans la communion de l’églife. Quand fes erreurs
auroient été manifeftes, par où pouvoit-on s’aifurer
qu’il ne les eût pas retraitées, & ne s’en fût pas repenti
du moins à la mort ? Or le Seigneur n’a donné
à fon églife aucun pouvoir fur les morts : puifqu’il n’a
un. xyiii.*, permis de lier & de délier que fur la terre. Ain ii le
concile ne pouvoit plus juger Théodore , quand même
il l’auroit eitimé coupable. I l n’appartient qu’au
juge des vivans & des mores, de juger ceux qui font
morts avec honneur.
r i- Perfonne n’a condamné faint Athanafe pour avoir
exeufé faint Denis d’Alexandrie, plus difficile à dé-.
«• fendre que Théodore : ni faint Bafile pour avoir exeufé
faint Grégoire Thaumaturge : ni faint Hilaire ,
pour avoir défendu les expreifions dures du con-
ub.n.c.ï. cile de Sirmium. Plufieurs des anciens ont dit des
chofes femblables à celles que l’on reprend dans
Théodore : fçavoir, faint Euftathe d’Antioche, faint
Athanafe , faint Amphiloque , faint Grégoire de
N y ife , faint Jean Chryfoftome, faint Cyrille lux—
L i v r e t r e n t e -t r o i s i e ’ m e . 461
même en dix endroits. C ’eft que dans les peres,quand »• t.
on trouve des erreurs, on les exeufe par la bonne intention
, pour ne les pas croire heretiques. En effet,
on n’eft pas heretique fimplement pour s’être trompé
: ce n’eft pas l’ignorance qui fait l’heretique , ni ub.xn.c~y
même l’erreur toute feule, mais l’attachement opiniâtre
à l’erreur.
Après toutes ces ra ifon s, Facundus en revient à t e
l’autorité du concile de Calcédoine : contre laquelle
il foutient, qu’il n’eft point permis de revenir, ni
d’examiner de nouveau ce qu’il a décidé;& il le prouve
par plufieurs paifages de faint Léon , & par l’autorité
de l’empereur Marcien. D ’où il prend occafion '
de montrer à Ju ftin ien , que les princes dans les matières
de f o i , loin de s’attribuer l’autorité des évêques
, ne doivent apporter que de la foumifïion â
leurs décifions. C ’eft ainfi qu’en a ufé l’empereur
Léon. Au contraire Zenon voulant décider fur la foi
par fon Henotique, n’a fait qu’introduire un long c. +ç
fchifme dans l’églife. L ’auteur infîfte fur cet exemple,
& fous le nom de Z en on , inftruit diferetetnent Ju ftinien
: montrant l’égarement d’un prince, qui, féduit
par fes dateurs, fe croit plus fage que fès prédecef-
feurs ; & quitte les affaires d’état & les devoirs de ju-
ftice , dont il eft accablé , pour s’appliquer â des a ffaires
ecclefiaftiques dont il n’eft point chargé. .C’eft
cq que faifoit Juftinien ; & Procope auteur du tems
le remarque en ces termes :
Le pape Vigile & les Italiens <jui étoient en grand 1 1 1 . g » h . c . n
nombre à C .P. ne ceffoient de preffer l’empereur d’em-
ploïer toutes fes forces â la conquête de l’Italie. L ’empereur
promettoit bien d’y donner ordre : mais il paf-
M m m iij