
63$ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ."
*“ nient en faire juftice : toutefois fi quelqu’un fe trou-
A n . y 8 6. v e COUpable parmi nous, nous ne pouvons permettre
qu’on le mene devant votre roi : puifque nous le pouvons
punir par l’autorité du notre. Sçachez donc, reprirent
les évêques, que fi on ne montre l’auteur de
ce crime, notre roi viendra avec une armée , mettre
tout ce païs à feu 8c à fang. Ils fe retirèrent fans avoir
d’autre réponfe : proteftant qu’ils ne fouffriroient jamais
, que Melanius, qui avoit été mis à la place de
Prétextât pendant fon e x il, fît aucune fonction d’é-
vêque. :
t. 41, Cependant comme le bruit couroit par tout le
païs que Fredegonde avoit fait tuer Prétextât : e lle ,
voulant fe juftifier, fit prendre l’efclave qui avoit fait
le coup , le fit battre cruellement, comme lui aïant
par malice attiré ce reproche, & le livra au neveu
du défunt : qui l’aïant mis à la queftion , l’efclave
déclara to u t , & dit : J ’ai reçu Cent fous d’or de la
reine Fredegonde pour faire cette aétion : cinquante
de l’évêque Melanius, 8c autres cinquante de l’archidiacre
de Rouen ; & de plus' on m’a promis de me
mettre en liberté avec ma femme. A ces mots le neveu
de Prétextât tira fon épée,& mit en pièces le c r i- .
minel : foie par le droit des François, qui permettoit
aux parens de tuer le meurtrier, foit comme un efcla-
ve coupable & abandonné par fa maîtreife. L ’églife
honore faint Prétextât comme m a rty r, le vingt-qua-
Mari^n.u. triéme de Février. A fa place Fredegonde rétablit
Ftl- Melanius dans le fiege de Rouen.
l u i . Çe qui eft dit dans cette hiftoire, que l’évcque de
CCClC* Bayeux fit fermer les églifes de Rouen , eft un exemple
des interdits eçclefiaftiques;& Grégoire de Tours
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’ m e . 639
en rapporte plufieurs autres. A Paris quelques années ateg. v. h<fi. e.
auparavant l’églife de faint Denys aïant été propha-
née par des meurtres 8c du fang répandu,on cefta de
faire l’office, 8c les coupables lurent excommuniez ,
jufques à ce qu’ils euilent fatisfait. A Aix l’évêque
Francon aïant été condamné injuftement par le roi u. de Gi„r. «»-
Sffiebert, qui lui avoit ôté une terre de l’églife , 8c
lui avoit encore fait païer une amende de trois cens
fous d’or : l’évêque ainfi maltraité, fe profterna en
prières devant le fepulchre de faint Merre ou Mitrias,
8c dit : Grand faint, on n’allumera point ici.de luminaire
, & on n’y chantera point de pfeaumes, que
vous n’aïez vangé vos ferviteurs de vos ennemis, 8c
fait rendre à l’églife les biens ufurpez par violence.
Après avoir ainfi parlé avec larmes, il jetta des épines .
fur le tombeau, 8c aïant fermé les portes il en mit encore
à l’entrée. Léon évêque d’Agde fous la domina- De G l. Mer t. 1.
tion des Goths en ufa de même, pour attirer la van- 79-
geance divine fur le comte Gomachaire Arien, qui
avoit ufurpé une terre de ieglife , 8c menacé encore
l’évêque de le maltraiter. Il vint à l’églife de faint
An d ré , fe profterna en priere, célébra les vigiles, &
paifa la nuit à pfalmodier & à répandre des larmes.
Le matin il s’approcha des lampes qui pendoient à la
voûte de l’é g life , & avec un bâton qu’il tenoit il les
cafta toutes, en drfant : on n’allumera point ici de
lumières jufques à ce que Dieu fe vange de fes ennemis
, 8c rende les biens de fa maifon.
Le roi Gontran faifoit la guerre à Levigilde roi
des V ifig o t s , pour vanger la princefle Ingondc fa
niece , 8c fon mari Hermenigilde. Il envoïa deux Gng.vm.'c. u.
armées en Septimanie : mais elles ne firent que piller- îo'