
4i ¡> H i s t o i r e E c c l e s i a s t i omte,
“ Ainfi après avoir rendu grâces à D ie u , il envôïa dei
4 mander à l’empereur Juftinien un évêque & des clercs
pour l’inftruire avec fon peuple. L’empereur ordonna
qu’on leur donnât pour évêque celui qu’ils vou-
droient. Les ambaiTadeurs après s’être bien informez,
choisirent Jean manfionaire de l’églife de faint Jean
• d’Alexandrie : homme pieux, qui avoit toujours gardé
la continence,& étoit âgé de foixante-deux ans;ils l’a-
H menèrent avec eux , crurent en Jefus-Chrift , & furent
tous baptifez. C ’étoit la feiziéme année du regne
de Juftinien', indfStion cinquième : c’eft-à-drre 54Z,
Theoph.an. 15. Et la même année le fécond jour de Février on commença
à celebrer à Conftantinople la fête de la Puri-
iVitL Bar. not. ad fication, nommée par les Grecs Hypapanté : c’eft-à-
martyr.i. 'Edr. ^ ja rencontre j e Nôtrc-Scigneur avec Simeon &
Anne. .
vm . Cependant les Perfes faifoient de grands ravages
f«” n©tientPei en Orient. Le roi Cofroés aïant rompu la p a ix ,
freap. u. Fcrf. entra fur les-terres des Romains, au printems de la
quatorzième année de Juftinien : c’eft-à-dire en J4 0 .
Il prit & ruina Sura ville fur l’Euphrate, dont Candide
évêque de Sergiopolis dans le voifinage , racheta
douze mille captifs : s’obligeant à paier deux cent
livres d’or daris un an , fous peine de païer le doub
le , & de quitter fon évêché. MegaS évêque de Be-
î. rée fut député vers Cofroés : mais il n’obtint rien.
Hierapolis fe racheta pour de l’argent, Berée fe rendit
: Epfarem patriarche d’Antioche fe retira en C ili-
c. 7. cie. Sa ville fut prife d’aflfaut, pillée &' brûlée : à la
î .î .9. réferve de l’ég life , qui fut rachetée chèrement. En-
î . 10 . fin les ambaiTadeurs Romains firent avec Cofroés
une paix honteufe, qui ne l’empêcha pas en attendant
L i v r e t r ê n t e -t r o i s i e ’ m e . 4 1 7
dant la ratification , de faire encore brûler à Daphné ~ *
l ’églife de faint Michel. Il rançonna auffi Aparnée, • ' S 4 *"
où il étoit a llé , fous prétexte de la voir. On y gar- c' 11'
doit un morceau de la vraïe croix , de la grandeur
d’une coudee, dans une chaile de bois , ornée d’or
& de pierreries, & trois prêtres en avoient la garde.
Les habitans la confideroient comme leur plus fûre
défenfe -, & on la montroit tous les ans en public ,
un certain jour. Alors ce peuple craignant la perfidie
de Co fro é s , qu’ils voïoient à leurs portes, prièrent
Thomas leur evêque , de leur montrer la croix ,
pour l’adorer encore une fois avant que de mourir.
Mais il arriva une grande merveille : car l’évêque
aïant découvert la c ro ix , & la portant par toute l’églife
, on vit au lambris une grande lumière , qui fui-
voit la croix à mefure qu’on la portoit, & difparut fi-
tôt qu’elle fut ferrée. L’hiftorien Evagre dit avoir vû Evagr, J â IT.
ce miracle, étant encore aux petites écoles, & alfiftant c- fÉ
avec fes parens à cette proceffion. Il ajoute que 1 evê-
que Thomas portant la croix fembloit être fuivi d’un
grand feu qui éclairoit fans brûler ; & que l’on peignit
au lambris de Téglife la reprefentation de ce miracle.
Cofroés outre une grande fomrne d’argent, enleva
tout le tréfor de l’églife d’Apamée, qui étoit
très-riche ; & n’y laiifa que le bois de la croix , à la
priere de l’évêque.
Il rançonna auifi la ville de C a lc id e , nonobftant c. n.
le traité de p a ix ;& aïant paiTé l’Euphrate, il vint pour
affieger Edeffe : voulant faire mentir les chrétiens, *
qui difoient qu’elle étoit imprenable, à caufe de la
lettre de Jefus-Chrift à A b g a r , qu’ils prétendoient
avoir. Mais Cofroés s’étant égaré par deux fois en
Tome V I I . G g g