
zo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
été baptifés au nom de la Trin ité dans l’églife catholique
notre merc. Ne perdons pas le vêtement de nôtre
fa lu t , de peur que le maître du feftin ne nous
trouvant pas la robe nuptiale,ne dife à Tes ferviteurs :
Jettez - les dans les tenebres extérieures. Le jeune
homme fortifié par fes difcours, fouffrit conftam,-
ment le martyre : & fa mere l’embraffant, rendit grâces
à Dieu à haute voix , & l’enfevelit dans: fa mar-
ion , pour prier fur fon tombeau,. Plufieurs autres
dans la meme v ille , fouffrirent le martyre par fes
exhortations : fçavoir , fa foeurDafive , 8c le médecin
Emelius fon parent : Leoncia fils de 1 évêque
Germain , Tertius 8c Boniface ils fouffrirent tous
de grands tourmens..
Un homme noble de Suburhe nommé Servus ,
*• *•' apr.êsun grand nombre de coups de bâton, fut élevé
a ve c des poulies, 8c fouvent lâché pour tomber de
tout fon poids fur le pavé des rues. On le traîna plufieurs
fo is , & on le déchira avec des pierres tranchantes
: enforte que la peau lui pendoit des côtes,
du dos 3c du ventre. A Culufe il y eut une multitude
innombrable de martyrs Sc de confeiTeurs ; entre autres
une femme nommée Viéloire. Comme on la
brûloit fufpenduë en l’air , fon mari lui difoit ce
qu’il pouvoir de plus touchant, l’exhortant à avoir
au moins pitié defesenfans.Mais elle n’en fut point
ébranlée j lorfqu’on v it qu’elle avoit les épaules dé-
m ife s , 8c qu’elle ne refpiroit p lu s , on la dépendit t
elle raconta depuis, qu’une vierge lui avoir apparu,
qui la toucha par tout le corps, Sc qu’auiïi-tôt elle
fut guerie.
Victorien citoyen d’Adrumet, étoit alors procon-
L i v r e . T r e n t i e ’m e . h
fui de Carthage, c’eil-à -dire, gouverneur pour le roi.
C'étoit l'homme d’Afrique le plus riche, & le roi qui
avoit en lui une très-grande confiance, lui manda
que s’il obéïiToit à fes ordres, il le tiendrait pour le
plus cher de fes domefliques. Viétorien répondit :
| Dites au ro i, qü’il m’expofe au feu ou aux bêtes, qu’ il
Im e fafTe fouffrir toutes fortes de tourmens ; fi je me
[ ren d s , c’eft en vain que je fuis baptifé dans l’églife
catholique. Car quand il n'y auroit que cette v ie , je
ne .voudrais pas pour un peu de gioire temporelle
être ingrat au créateur, qui m’a fait la grâce de croire
en lui. Le roi irrité de cette réponfe lui fit fouffrir
de grands tourmens, & pendant long-tems rainfi il
confomma heureufement fon martyre.
A Tambaïe deux freres prièrent les bourreaux de
leur faire fouffrir le même fupplice. On les tint fuf-
pendus tout le jour avec de groifes pierres ai^x pieds.
Un d’eux demanda quartier , & pria qu’on le defcen-
d ît: mais fon frere encore fufpendu, luicrioit : Non
n on , mon frere, ce n’eft pas là ce que nous avons
jure à Jefus-Chrift ; je t’accuferai quand nous ferons
devant fon trône redoutable , que nous avons juré
fur fon corps & ion fang de fouffrir enfemble pour
lui. Par fes difcours 8c plufieurs autres, il encouragea
fi bien fon fre re , qu’il s’écria :: Faites-moi fouffrir
tous les tourmens que vous voudrez, je ferai
comme mon frere. On leur appliqua tant de lames
ardentes , & on les déchira tant avec les ongles de
fer , que les bourreaux rebutez les chafferent en di-
fan t. T o u t le peuple les imite , 8c perfonne ne fe
convertit a notre religion. Cé qu’ils difoient principalement,
parce qu’on ne voyoit en eux ni meut—
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