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An. 519. £jonc enfeigner & croire, que par le péché du premier
homme , le libre arbitre a tellement été affoi-
bli que perfonne n'a pû aimer D ie u , comme il fa u t ,
croire en lui, ou faire le bien pour lui ,• s’il n’a été
prévenu par la grâce. C ’eft pourquoi nous croyons ,
BcW.xi. qu’A b e l, N o é , Abraham ôc les autres peres , n’ont
pas eû par la nature cette foi que faint Paul loue
en eux , mais par la grâce. Et après la venue de N b -
tre-Seigneur cette grâce en ceux qui défirent le baptême
, ne vient pas du libre arbitre, mais de la bonté
de Jefus-Chrift. Nous croyons auiïï que tous les bap-
tifez peuvent ôc d o iv en t, par le fecours ôc la coopération
de Je fu s -C h r ift, accomplir ce qui tend au
làlut de le u ram e ,s ’ils veulent travailler fidelement.
Que quelques uns foient predeftinez au mal par la
puiiîance divine , non feulement nous ne le croyons
point, mais fi quelqu’un le c ro it , nous le dételions,
ôc lui difons anathême. Il faut croire que la foi du
bon larron, du centurion Corneille, ôc de Zachee,
ne venoit pas de la nature, mais de la grâce. Les
prélats ne fe contentèrent pas de fouferire à cette
définition de foi : mais afin qu’elle fervît aufti a defa-
bufer les laïques, ils y firent fouferire les perfonnes
illu ftres, qui avoient aihfté à cette dédicacé : fçavoir,
le patrice Libéré , ôc fept autres. Saint Cefaire envo
y a à Rome cette confeffion de fo i, par Armenius
sonif. epiji: 1. prêtre ôc abbé, pour la faire approuver par le pape.
p. iss?, Q n rapp0rte l ce même tems un concile de V a len c
e , fur la même doètrine de la grâce, où faint Ce-
v k a s . c i f . lib, faire ne put fe trouver étant malade : mais Cyprien
évêque de Toulon , y foûtint fortement la dodrine
catholique.
L i v r e T r e n t e - D e u x i e ’m e .' ¿95 «p— — »
Le concile de Vaifon indiqué deux ans aupara- An. 51.9.
v an t, fe tint le feptiéme jour de Novembre 519. ôc
il y affifta douze évêques , compris faint Cefaire. cm'1 ' 179'
Après y avoir fait la leèture des canons fuivant la
coûtume, il ne fe trouva aucune plainte contre les
évêques prefens : enforte que cette aflcmblée nefer-
vic qu’à fe voir , ôc entretenir la charité. Toutefois
• avant que de fe feparer, ils firent cinq canons, qui 1 1 .
portent : Que fuivant la coûtume utilement pratiquée
dans toute l’Ita lie , tous les prêtres delà campagne
recevront chez eu x , les jeunes ledeurs qui ne
font point mariez: pour les élever comme de bons
p eres, leur faifant apprendre les pfeaumes, lire l’écriture,
ôc les inftruifant dans la loi de Dieu : afin de
fe préparer de dignes fucceffeurs. Quant ils feront
venus en âge , fi quelqu’un d’eux veut fe marier, on
lui en laiifera la liberté.
Pour l’utilité du peuple, on permet aux prêtres de
prêcher non feulement dans les villes, mais dans toutes
les paroiffes de la campagne. Que fi quelque infirmité
empêche le prêtre de prêcher , les diacres liront e. h
des homeliesdes peres. A l’exemple du faint fiege ôc
des provinces d’Orient ôc d’Ita lie , où l’on dit fou-
vent Kyrie eteijon, avec grande dévotion : on le dira
dans toutes nos églifes, à matines, à I4 meile ôc à
vepres ; ôc a toutes les meflfes, même du Carême ôc
des m o rts , on dira trois fois le Santtus , comme aux ÎJ+,
meiTes publiques. On recitera dans nos églifes le Mo
nom du pape; ôc après Gloria, Patri, on ajoûtera Stcut
erat in pnncipio comme on fait à R om e , en Afrique
ôc en Italie, a caufedes heretiques, qui difent que
le fils de Dieu a commencé dans le tems. C ’étoit les