
A n . j 4 i .
c. 13.
c. 14.
Procop» de &dif.
I I . c. 1.0.
IX.
Totila devant
faint Benoît.
Procop. III.
Goth. 2. 3;.
Greg. I I . dial. c..
H-
418 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
chemin, quitta le dciTein de Tallieger ; Si le contenta
de prendre deux cens livres d’o r , pour ne point
ravager le païs. Juftinien aïant ratifié la paix , Co froés
fe retira vers fes états : mais comme il ne laifia
pas d’allieger D a ra, Juftinien tint la paix pour rompue
& rappella Belifaire d’Italie , pour l’oppofer
aux Perfes. Enfuite il rétablit pour la fécondé- fois
Antioche , qu’ils avoient entièrement ruinée : mais
il en réduifit l’enceinte à une efpace beaucoup moin
dre. Outre les antres édifices publics, il y bâtit deux
grandes églifes , une de la mere de Dieu , l’autre
de laint Michel : un hôpital pour les malades, tant
hommes que femmes ieparément,. & pour les étran-
gers.
Belifaire aïant quitté l'Ita lie , les Goths y reprirent
le delïus, fous la conduite de leur nouveau roi
To tila. En palfant dans la Campanie il voulut voir
faint B e n o ît , aïant oui dire qu’il avoir Pefprit de
Prophétie. Il vint donc à fon monaftere , & s’étant
arrêté allez loin y il manda qu’il alloit venir. V o u lant
éprouver le fain t, il envoïa un de fes écuyers
nommé R ig g o n , à qui il fit prendre fa chauifure ôe
fes habits roïaux , qui étoient de pourpre , & le fit
accompagner de trois feigneurs,, qui étôient le plus
ordinairement près de fa perfonne, nommez V u l t ,
Ruderic , & B lid in , avec, des écuyers & un. grand
cortege. Riggon étant ainfi entré dans le monaftere,
faint Benoît qui étoit. affis le vit de loin , & quand il:
put en être entendu, il lui cria : Mon fils, quittez l’habit
que vous portez, il ne vous appartient pas. R ig gon
fe jetta par terre époyvanté d’avoir voulu tromper
un fi grand fain t, tous ceux qui l’accompagnoient
L i v r e t r e n t e t r o i s i e ’ m e . 41«)
en firent autant ; & fans ofer approcher de faint Benoît
, ils retournèrent trouver le r o i , & lui racontèrent
en tremblant, combien promptement ils avoient
*eté découverts.
Alors T o tila vint lui-même trouver le fa in t, &
dès qu’il le vit il fe jetta par terre fans oter en approcher.
Saint Benoît qui étoit aflis lui dit par trois
fois de fe lever ; & comme il n’o fo it , il vint le relever
lui-même , & lui dit : Vous faites beaucoup de
m a l, vous en avez beaucoup fait ; ceifez enfin de
commettre des injuftices : vous entrerez à Rome ,
vous paifercz la mer , & après avoir régné n euf an s ,
vous mourrez le dixième. T out cela fut accompli
dans la fuite. Le roi fort épouvanté , fe recommanda
à fes prières & fe retira ; & depuis ce tems il fut
beaucoup moins cruel. C ’étoit l’an 5 4 1 . Quelque
tems après, l’évêque de Canofe que S. Benoît aimoit
pour fa vertu, l’étant venu trouver, s’entretenoit avec
lui des ravages de T o t i la , & difoit en parlant de
Rome : Ce roi la ruinera , en forte qu’elle ne fera
plus habitée. Saint Benoît lui répondit : Rome ne
fera point détruite par les barbares : mais elle fera battue
de tempêtes, de foudres & de tremblemens de
terre , & s’affoiblira comme un arbre qui feche fur fa
racine.
Un homme noble nommé Theoprobe , que faint
Benoît âvoit con v e rti, & qui avoit grande part à fa
confiance, étant un jour entré dans fa cellule, le trou
va qui pleuroit amerement. Il s’arrêta long-tems, &
voïant que fes larmes ne tarriiloient point, & qu’elles
ne venoient point à fon ordinaire , de tendrc/Te dans
la pricre, mais de triftefle : il lui en demanda la caufe.
G g g ij
A n . J4 Z .
x.
Miracles de S-
Benoît.
c. 17.