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Lettre des
moines de Paleftine.
p. i i J,
104 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
l e n to u r , &c le jourdain -, 8t difoit en fubftance :
Dieu vous a confié l’em p i r e , pour procurer la
paix à toutes les églifes : mais pr incipalement à la
mere des églifes , en laquelle le myftere du falut a
été accompli. H a b i ta n t cette fainte terre nou s avons
reçu la foi de ce my f te re , non par imagination", mais
réellement par la croix de Jefus-Chrift , fon fepul-
c h r e , 8c tous les faints lieux que l’on y adore. Nous
l’avons reçue dès le commenc ement de la bouche
des prophètes 8c des apôtres ; nous la confervons
entiere , 8t la confervons toujours par la grâce de
Die u , fans être épouvantez par fes adyerfaires , ni
emportez par tout vent de doêkrine. Et comme c’eft
dans cette fainte créance que vous avez été nourri ,
8e que vous avez reçu l’empire : nous nous étonnons
commen t fous vôtre regne , il s’eft élevé un fi grand
orage contre la fainte cité ,enfor te que les év êq u e s ,
les miniftres facrez , les folitairesen ayent été chaf-
fez avec violence , enprefence des p ay e n s , des Juifs
8c des Samaritainsi 8e traînez au milieu des vi l le s ,
en des lieux prophanes 8e impur s , pour les obliger
à faire des chofes qui bleffent la foi. De façon que
ceux qui v ie n n en t ici par dévotion , au lieu d’y être
édifiez ,, re to u rn en t feandalifez dans leur pays.
Si c’eft à caufe de la foi que l’on attaque ainfi la
fainte cité : c ommen t pré tend-o n nous apprendre
n ô t re c ré a n c e , c inq cens Se tan t d ’années après la
venue de Jefus -Çhrift î II paroît clairement que la
reformation que l’on veut ma in te n a n t in tro d u ire
dans la f o i , eft la doêtrine d e l ’a n te -c h r i f t , qui veut
troubler la paix des églifes. L’auteur de tous ces
maux eft Severe Acephale , 8c fchifmatique de to u t
L i v r e T r e n t e - U n i e ’m e . 105
tems , dont Dieu a permis pour nos pechez l’éleva-
tion fur le fiege d’Antioche. Nous rejettons fa comm
u n io n , 8c vous fupplions d'avoir pitié de Sion ,
la mere de toutes les églifes. Car en matière de f o i ,
s’il faut choifir entre la vie Se la m o r t , la mo r t nous
fera plus chere , nous ne communiquerons jamais
en aucune maniéré avec les ennemis de Dieu, 8e de
l’églife; 8e nous recevons , comme les évangile s , les
quatre faints conciles, qui expriment le même fens,
en différentes paroles. On ne pourra jamais nous
unir à ceux qui n ’obéïffent pas à ces conciles , quand
on nous menaceroit de mille morts. Et pour vous
en affurer, nous diions a n a th ême à Ne f to r iu s , qui
divife Jefus-Chrift -, 8c à Eutychès ,. qui confond la
divinité 8e l’humanité . Après cette déclaration par
écrit d é nôtre pa r t , faites ceffer les maux qui fe
comme tten t tous les jours contre la fainte c i t é , 8e
contre nôtre faint archevêque Jean. Autrement
nous vous proteftons devant la fainte T r in i té , que
nous fouffrirons p lutôt que l’on répande nôtre
fang , 8c que l’on brûle les faints lieux. Car à quoi
fervent leurs noms fi on les p ro fan e , en effet ? Qu e
la grâce de Dieu , qui furpaffe toute intelligence,,
confervefon églife , 8c faffe ceffer tous les fçandales
par vos o rd re s , à fa gloire 8c à l’h onn eu r de vôtre
regne:
O n fit quatre copies de cette déclaration r on
en garda deux dans le pays , une pour les g o u v e r neurs
; l’autre pour J e a n patriarche de Jerufalemi
On envoya les deux autres à C. P. pour L’empereur
8c le patriarche. L’empereur Anaftaie ayant reçu cette
requête,, fut confeillé de fe tenir pour lors en re-
C c iij
Theoph» an» x r».
p » I J5>. £ * -
Vitra S. Sabvjîir
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