
6,n H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
même tout chargé de fer , ôc en portoit une cuiraffe
de dix-huit liv re s , une croix longue de dix-huit palmes
, une ceinture, des fouliers, des g an ts , le tout
de fer. Il fit un grand nombre de miracles, qui lui
attirèrent plufîeurs difciples : tant de ceux qu’il avoit
guéris., & qui-ne le- vouloient point quitter , que de
ceux qui lui étoient amenez par fa réputation. Son
premier oratoire de faint George étant donc trop
p e tit , il fit bâtir une belle églife à l’honneur de S.
Michel : accompagnée de deux oratoires, un à droit
de la Vierge , un à gauche de faint Jean-Baptifte. Les
moines faiioient l’office dans celui de la Vierge : parce
que les malades ôc les poffedez qui venoient
pour être guéris., demeuroient dans Téglifie de faint
'M ich e l, qui étoit ouverte jour Ôc nuit. Le plus cher
difciple de faint Théodore , fut Philumene, que fa
mere lui avoir donné en reconnoiffimce delà fanté
qu’elle avoit reçùë de lui. Il le fit ordonner prêtre ,
ôc l’établit fuperieur des freres ; ôc envoïa fon archidiacre
à C . P. acheter des vafes d’argent pour le fer-
vice de l’autel, parce cfu’il n’en avoit que de marbre.
Enfuite il fit encore bâtir une grande églife en l’hon-
7. ».,j. neur de faint George , qui avoit à droit l’ancien oratoire
de ce fain t, 'ôc à gauche un de faint Serge &
faint Bacche.
Timothée évêque d’Anaffafiople étant m o r t,
les citoïéns ôc le clergé allèrent trouver l’évêque
d’Ancyre métropolitain de la province , ôc lui de-
v mandèrent pour évêque l’abbé Théodore. Il le leur
accorda avec joïe , ôc donna ordre qu’on l’amenât.
C ’étoit le tems de fa retraite , ôc il fallut le tirer de
force de fa caverne. I l fut donc mené à A n c y re , Ôc
L i v r e t r e n t e -q j u a t r i e ’ m e . ¿2.3
ordonné évêque d’Anaffaiiople , où il continua fes
pratiques de v e r tu , ôc fit plufîeurs miracles , rapportez
dans fa vie par George , un de fes difciples.
Saint Leandre étant à Conftantinople , fit amitié x l v i i .
«. r • C \\/ C \ Occupations <îc particulière a v e c la in t G r é g o ir e : r o n d e e lur la con - s. Grégoire à c. p.
formité, non feulement de langue & de profeffion , S ï 'ïa ï s s .
mais de moeurs & d’inclinations. Car faint Leandre îzs».
avoit embraffé la vie monaftique avant fon épifeopat.
Il étoit né à Carthagene ; fon pere fe nommoit
Severien, ôc il avoit deux freres, Fulgence Ôc Ifidore
, ôc une foeur nommée Florentine. Saint Grégoire g«*.?«/.<»jst~
lui ou vrit fon coeur, ôc lui déclara tout ce qui lui dé-.
plaifoit en lui-même. Comme après avoir différé fa
converfion, il s’étoit refugié dans le monaftere , où
il fe croïoic en fùreté contre les tempêtes du monde.
Mais , a jo u to it - il, vous me voïez rejecté en pleine
rner , fous prétexte des affaires ecclefiaftiques, pour
lefquelles on m’a envoie ici ; & je ne refpire qu’en la
compagnie de mes freres.
Pour s’occuper donc faintement avec eu x , il commença
à leur expliquer le livre de Jo b , après qu’ils
l’en eurent preffé feu v e n t , & faint Leandre avec
eux. Il leur en expofa le commencement de vive ibu.c.i.
voix : puis il didla des homelies fur le refte ; ôc aïant
plus de loifir , il repaffa tout l’ouvrage , ôc en fit un
grand commentaire divifé en tren te-cinq livres.
C ’eft ce que l’on appelle les morales de faint Grégoire
, parce qu’il tourne toutes fes explications fur
les moeurs ; ôc cet ouvrage a toujours été en grande
cftime dans leglife. Il fuit ordinairement pour tex-
te la verfion de faint Jerôme , qu’il nomme nouvelle
, mais il cite auffi l’ancienne. Parce, d it-il, que