
z8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
paffer ni les marchands ni les autres particuliers fans
ces certificats. Les évêques 5c les prêtres Ariens al-
loient même la nuit avec des troupes de gens armez
par les villes ôc les bourgades : enfonçoient les portes
ôc entroient dans les maifons, portant de l’eau,
dont ils arrofoient jufques à ceux qu’ils trouvoient
dormans dans leurs lits : puis crioient qu’ils les
avoient faits Chrétiens. Les mieux inilruits ne s’en
mettoient pas en peine ; les plus fimples fe croyant
fo uille z, j ettoient auffi-tôt de la cendre fur leur tête,
fe couvroient de c ilic e s , ou fe frottoient de bouë >
déchiraient les linges dont on les avoit couverts, ôc
les jettoient dans des cloaques.
*. 14. A Carthage on enleva ainfi par ordre d eC y rila , le
fils d’un homme noble , âgé feulement defeptans h
qui crioit : J e fuis Chrétien, ôc fa mere les cheveux
épars le fuivoit en courant toute la v ille :ils fermèrent
la bouche à cet enfant 5c le plongèrent dans leurs
fonts. Ils traitèrent de même les enfans du médecin
L ib é râ t, qui avoit été condamné au banniflement
avec fa famille. Les Ariens s’aviferent de feparer les
enfans, ôc comme Libérât les regrettoit, fa femme
arrêta fes larmes, en difant: Quoi perdrez-vous votre
ame pour vos enfans? Comptez qu’ils ne font pas nez,
Jefus-Chrift les reclamera, ne les entendez-vous pas
crier: Nous fommes Chrétiens. Comme on avoit mis
Libérât ôc fafemme dans des prifons feparées, on dit
a la femme que fon mari avoit obéï. au roi. Que je le
vo y e , dit-elle, 8c je ferai ce qu’il plaira à Dieu. On
fe tira de prifon, elle v it fon mari devant le tribunal
enchaîné avec une grande multitude, ôc le prenant
à La g o rg e , elle lui dit : Miferable, indigne de.
h grâce de D ieu , pourquoi veux-tu périr éternellement
pour une gloire paffagere ? A quoi te ferviront
l ’ o r ô c l'argent? te délivreront-ils du feu d'enfer?
S o n mari lui répondit : Qu’ave z-vous, ma femme,
mue vous a-t-on dit de moi? Je fuis toujours Catho-
f H que par la grâce de Je fu s -C h r ift, ôc ne perdrai ja mais
la foi.
Plufieurs, tant hommes que femmes craignant la
violence de cette perfecution, fe retirèrent dans des
déferts, ôc y moururent de faim ou de froid. Ainfi
Crefconius prêtre de la ville de Myzente fut trouvé
mort dans une caverne du mont de Zique. Il y eut
en ce tems - là une fecherefle extrême par toute
l’Afrique, qui eaufa une grande/amine, ôc enfuite
une pefte : ôc ces fléaux furent regardez comme une
punition divine de la perfecution. On regarda de
même la mort d’Huneric ; car après avoir régné fept
ans ôc dix mois, il mourut en 485. d’une maladie de
corruption, fourmillant de vers ôc tombant par pièces
: il eut pour fucceifeur Gontamond fils de fon
frere Genton.
Le pape Félix écrivit à l’empereur Zenon touchant
cette perfecution d’Afrique ; ôc ce fut apparemment
ce qui excita l’empereur à envoyer, à Carthage
fon ambaffadeurUranius , avec le peu de fuc-
cès qui a été marqué. Mais Zenon lui- même ne trairait
guere mieux les Catholiques, qui rejettoient fon
prétendu édit d’union.Depuis que le pape eut envoyé
a C. P. les évêques Vita l ôc Mifene, ôc pendant qu’ils
étoient encore en chemin , il reçût une lettre de
Cyrille abbé des Acemétes de C. P. qui fe plaignoit à
lui-même de ce qu’il agjiToit h lentement avec Acacc,
», 17,
». VI**,
XIW
Prévarication
des légats du>
pape à G. P.-
Evag, m .
Hijl. c. 20»
■ Sup. », 10,
Sùp. liv XsXlJft-
». 56+