
z6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
que tu t’es revêtu de maledxètion , en perdant le fa-'
crement du vrai baptême & de la foi. il lui fit plu-
iieurs autres reproches femblables , Sc Elpidxfore
confus n’ofa rien répondre.
Après avoir foüetté Sc tourmenté ces confeifeurs,
on les envoya en exil : Sc pendant le chemin à la
perfuafion des évêques A r ie n s , on lâcha après eux
des gens impitoyables, pour leur ôter ce que les fidèles
leur avoient donne par compaffion pour leu r
fubfiftance. Deux Vandales ,. qui avoient fouvent.
confeifé fous Genferic accompagné de leur mere,,
abandonnèrent tous leurs biens Sc fuivirent les clercs
de Carthagé dans leur exil. Un apoftat nommé
Theucarius qui avoit été leèleur’, Sc avoit eu fous fa
conduitede jeunes enfans, qui apprenoientle chant:
confeilla d’en rappeller douze, qu’il connoiifoit pour
avoir les plus belles voix. On envoya en diligence
pour les ramener :. ils nevouloient point quitter les
faints confeifeurs , Sc s’attachoient à leurs genoux,
en pleurant ; mais les heretiques les en feparerent l’é-
pée à la main & les. ramenèrent à Carthage. On ef-
fa y ad ’abord de les gagner'parcareifes , eniuite onles
tourmenta à plufieurs rep rife s, Sc on les chargea de
coups de bâton ; mais ils demeurèrent inébranlables..
La perfécution étant paifée, la ville de Carthage les
refpeèfoit comme douze apôtres : ils demeuraient
enfemble , mangeoient enfemble Si chantoient enfemble
les loüanges d1 e Dieu. Les e/ veA ques Sc 1les
clercs Ariens perfecutoient plus cruellement les catholiques,.
que le roi ni les autres Vandales. Ces
évêques marchoient par tout l’épée au côté avec
leurs c le rc s ,, Si le plus cruel de tous étoit Antoine,
yo ifin d u defert de T rip o li : il déterminale roi H u -
neric qui le con n oiifoit, à envoyer dans ce defert
Eu°ene évêque de Carthage; Sc Antoine ayant ordre
de le garder, le mit dans une fi étroite prifon, qu’ il
iie le laiiToit voir à perfonne : il chercha même plusieurs
inventions pour le faire périr. Saint Eugène
îouché des afflictions de fon é g life , portoit un cilice
&couchoit furla terre couverte feulement d’un fac.
Cette aufterité jo in te à fa vieilleife lui attira une pa-
ralyfie qui lui embarraifoit même la langue. An -
toinefflt.chercher du vinaigre très-fort, Sc lui enffit
boire malgré lui , croyant qu’il en perdrait la vie :
Ton mal en augmenta à la vérité, mais il ne laiiTa pas
:de guérir.
Un. autreTaint évêque nommé Habetdeumétoit xut
^ 1 / \ 11 n a • H H Catholique« auili releguea Tamallumc ou Antoine etoit : ne pou- rébaptifez par
vaut l’obliger à fe faire A rien , il le fit lier pieds Sc | wc*
mains, 8c lui fit fermer la bouche, de peur qu’il ne
criât; puis il lui' verfa de l’eau fur le corps pour le réba-
pcifer; enfuite il le fit délier, Sc lui dit avec joye : Mon
frere, vous voilà maintenant chrétien comme nous ,
que pourrez-vous faire déformais, finon d obéir a la
volonté du roi? le faint évêque répondit.-J’ai toujours
confervé la même f o i , Sc tandis que vous me teniez
la bouche fe rm é e , je faifois dans mon coeur une
proteftation, que les anges écrivoient pour la pre-
fenter à Dieu. Cette" violence etoit générale , on »*¿3«
avoit envoyé par t o u t des Vandales, pour prendre
■ ceux qui pâilbient; fur les chemins, 8i les amener aux
évêques Ariens,- qui les rébaptifoient, Sc leur endon-
noient des certificats-par éc rit: de peur qu on ne
leur fît ailleurs la même violence. On ne lailfoit
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