
.¿ 4 ° H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
& brûler les propres terres des François : dépouillant
les églifes , & tuant le peuple & les clercs même, jufques
fur les. autels. Le roi en fut fort irrité contre les
che fs , qui à leur tour pour éviter fa colere , fe réfugièrent
à faint Symphorien d’Autun ; & le roi venant
à la fête de ce fain t, ils fe prefenterent, à la charge
d’être jugez enfuite. Gontran aïant affemblé quatre
évêques & les anciens des laïques, commença à examiner
ces capitaines, & leur dit:Comment pouvons-
nous à prefent obtenir la v id o ir e , en fuivant fi mal
les exemples de nos peres i Ils batiiïoient des eglifes,
refpe&oient les évêques, honoraient les martyrs &
mettoient toute leur efperance en Dieu : nous pillons
les vafes facrez, & même les reliques, nous tuons les
miniftres de Dieu ,, c’eft ce qui rend nos mains foi-
bles & nos armes inutiles. Si c’eft ma faute,que Dieu
en faffe tomber la peine fur moi : lî vous méprifez
mes ordres, il faut que quelqu’une des premières tê-
res foit abattue : pour donner l ’exemple à toute l’armée
, & détourner de tout le païs la colere de Dieu.
Les .capitaines s’exeuferent fur lindocilite de leurs
troupes, .& Gontran fe Contenta de la remontrance
qu’il leur avoit faite.
Levigilde défendoit vigoureufement fa frontière,
faifant de tems en tems des propofitions de p a ix ,
qui furent fans effet. Mais il perfecutoit toujours
les catholiques ; & fit enfin mourir Hermenigilde fon
fils aîné. Ce prince étant en prifon chargé de fe r s ,
commença à reconnoître la vanité des grandeurs de
la terre , &c à n’afpirer qu’au roïaume celefte. Il cou-
choit fur un c ilic e , & demandoit à Dieu par de
feryentes prières, la force qui lui étoit neceffaire..
L i v r e t r e n t e - q u a t r i e’m e ï wa&f»
La fete de Pâque étant venue , le roi fon pere Iü ïen - -
voïa la nuit un évêque Arien : offrant de le recevoir ^ N. 589.
en fes bonnes grâces , s’il prenoit la communion de
la main de ce prélat : mais Hermenigilde le repouffa
avec indignation,lui reprochant fon heréfie,comme
s’il eût été en pleine liberté. L ’évêque retourna vers
le r o i , qui frémiffant de colere , envoïa des officiers
pour tuer fon fils. Ils entrèrent dans la prifon ; &
l ’un d’eüx nommé Siibert, lui fendit la tête d’un coup
de hache. Ainfi mourut le prince Hermenigilde 3. Jo. Jiicl. an. jïtf;
Taragone , la dix-fepticme année de Levigilde:
c’eft-à-dire l’an cinqcent quatre-vingt-fix, lefamedi- M _
faint treizième d’A v r i l , jour auquel l’églife i’honore mà
comme martyr.
Saint Leandre étant de retour de fon ambaffade
de C . P. fut envoie en exil avec d’autres évêques catholiques
; & y compofa deux livres contre les Ariens^
& un de l’inftitution des vierges, qu’il adreffa à fa
foeur Florentine. C ’eft ce qu’on appelle la règle de niufir.c.
faint Leandre. Jean de Biclar eut part à cette perfe- ced.rig.u. U
cution. Il ctoit de la nation des Goths , né à Scalabe i/d.c.xa
ou Sentaren en Lufitanie. Il alla en fa jeuneffe à
Conftantinoplc -, & après s’y être rendu fçavant dans
les livres. Grecs 5c Latin s, il revint en Efpagne au
bout de dix-fept ans , dans le fort de cette perfccu-
tion. Le roi Levigilde voulant l’obliger à embraffer
fon heréfie , & le trouvant ferme à lui réfifter , le relégua
à Barcelone , où pendant dix ans il.fouffrit
beaucoup des artifices &c de la violence des Ariens.
I l fonda enfuite un monaftere nommé Biclar , & ' y
aifembla une communauté à laquelle il donna une
réglé que nous n’avons plus : mais nous avons une
Tome F i l , M m mm