
3 4 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ."
chc originel. Je demande auflî, s’il ne nuit point aux
baptifez , de ne point manger la chair du Seigneur,
ni boire fon fang : quand ils meurent fubitement ,
entre le baptême & la, communion.
¿ È S * j- Saint Fulgence répond; Nous devons croire , que
ce jeune homme eft fauve , puifqu’il avoit témoi-
gné fa foi , en prononçant le fymbole ; & la perte
de la parole ne lui a point n u i, puifqu’il n’avoit pas
changé de fentiment. La confeflîon des autres ne
lui auroit de rien fervi à cet â g e -là , fi la fienne n’a-
».7. v o it précédé ; mais il a crû quand il c o n n o iifo it, &
a reçu le facrement encore en v i e , quoi que fans
connoiflance. Nous n e baptifons point les morts^
c.9, parce que chacun doit être jugé fuivant ce qu’il a
fait dans fon co rp s, & que le corps fans ame ne peut
recevoir la remimon des pechez. Ainfi il faut s’en
«•'a. tenir ferme aux c a n o n s , q u iveulen t que les malades
qui ne peuvent répondre, foient baptifez fur la foi 1 de ceux qui témoignent qu’ils le veulent être. Quant
a ceux qui meurent avant que d’avoir reçu le corps &
le fang de Jefus-Chrift : il ne faut point en être en
peine. Car chacun de nous commence à participer
à ce pain , quand il commence à être membre du
même corps, c’e il-à -d ir e , de Jefus-Ghrift : ce qui fe
fait au baptême. Pour preuve de cette vérité , faint
Fulgence rapporte un fermon de faint Auguftin aux
nouveaux baptifez, E tc ’eft en confequence de cette
d o c tr in e , que l’on a ceifé depuis plufieurs- fiecles
de donner , même aux enfans , l’euchariftie avec le
baptême.
p i p i Le dernier ouvrage de faint Fulgence eft la lettre
au comte R e g in , qui l ’avoit confulté fur deux
-po in t s
L I V R E T R E H T E-D EU X 1 E*M E. 3 4 ;
'points. Le premier de dodtrine, fi le corps de Jefus-
Chrift étok corruptible ; le fécond de morale , fur la
vie que doit mener un homme de guerre. La première
queftion avoit commencé à être agitée depuis peu
entre les Eutychiens d’Alexandrie , fous le patriarche sup-n.-ji,
Timothée , comme il a été dit.
Saint Fulgence répondit fur cette 'queftion , que
le corps de Jefus-Chrift étoit corruptible en un fen s,
puifqu’il étoit fujet à la faim , à la fo if & aux autres
incommoditez femblables -, mais qu’après fa
mort ,.il n’a point été fujet à la pourriture , ni pendant
fa vie mortelle aux p a ilîon s, qui préviennent
la raifon & cauicnt des troubles involontaires. Il ne
put achever cet ouvrage, étant prévenu par la m o r t}
& Regin obligea le diacre Ferrand à y lupplécr , & Fer-
à lui donner lés mftruétions de morale qu’il avoit
demandées.
Saint Fulgence environ un an avant fa mort,quitta xxxvu.
r r r \ r « r o C Mort de S. Ful- tecretement ion eglile & ia communauté > ce le re- gencc.
tira dans l’ifle Circine , fur un petit rocher où il ntac.i9.n.6i.
avoit fait bâtir un autre monaftere. Il y redoubla
fes mortifications & fes larmes,comme s’il n’eût fait
que commencer : mais la charité l’obligea de revenir
à fon monaftere, où il tomba malade, & fouffrit
pendant plus de deux mois des douleurs très-aiguës,
difant continuellement : Seigneur , donnez - moi
maintenant la patience enfuite le pardon. Les médecins
lui vouloient perfuader de fe baigner ; mais il
ne voulut rien relâcher de fon aufterité ordinaire.
Se fentant près de fa fin , il aifembla tous fes clercs
êc fes m o in e s, & leur demanda pardon de la feverité
dont il craignoit d’avoir ufé envers eux. Il diftribua
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