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gent leurs fucceiTeurs à maintenir cette difciplinc
lous peine de leur en répondre au jugement de
Dieu.
tt.j. ctnc.p.w. Quatre de ces .mêmes évêques, Euphrone, Félix ,
Domitien& Domnole, écrivirent à leurs peuples à
l’occafion, comme l’on c ro it, de la guerre civile qui
Greg.iv.c. 40. arriva après la mort de Cherebe rt, entre Sigebert &
Chilperic pour la Touraine & le Poitou. Cettelettre
contient une exhortation aux peuples de détourner
par de bonnes oeuvres les maux dont ils font menacez.
Premièrement, de ne point célébrer de mariages
, mais de les différer jufques à ce que la calamité
Toit paffée : à plus forte raifon de rompre les con-
jonétions inceftueufes. Enfuite de païer les dixmesde
tous leurs biens, même des ferfs ; &c pour ceux qui
n’ont point de f e r f s , de païer le tiers d’un fou d’or
pour chacun de leurs enfans : enfin de fe reconcilier
avec leurs ennemis.
• x v i i i . Sainte Radegonde avoit déjà dans fon églife des
^ Cro ï de reliques de plufieurs faints : mais elle defiroit ardemment
d’en avoir de Jefus-Chrift même , c’eft-à-dire,
■ÿauiomu. ». 17. g j p , vra-e c r o j X t £ j je ¡-¿folm; Jonc d’en demander
à l’empereur Juftin : mais comme elle ne faifoit rien
fans confeil , elle écrivit au roi Sigebert , dans le
roïaume duquel elle étoit,pour avoir fa permiffïon ;
& l’aïant obtenue , elle envoïa des clercs en Orient ,
à qui l’empereur donna du bois de la crdix , orné d’or
& de pierreries , avec plufieurs reliques des faints,
& des évangiles ornez de même. Les reliques étant
venues à 1 Poitiers, fainte Radegonde pria l’évêque
Merouée fucceffeur de Pientius , de les placer dans
fon monaftere , avec le chant des pfeaumes & les
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’ m e . j q -
honneurs convenables. L’évêque fans avoir égard à
fa priere monta à cheval pour aller à fa mailon de
campagne. Sainte Radegonde fort affligée, envoïa
au roi Sigebert, le priant d’ordonner que le premier
évêque qui fe trouverbit,transférât cesreliques. C e pendant
elle redoubloit fes jeûnes, fes veilles & fes
prières avec toute fa communauté. Le roi envoïa le
comte Juftin à Euphrone archevêque de Tours, pour
le charger de cette commiflion. Euphrone vint à
Poitiers, & en l’abfence de l’évêquè il porta les reliques
dans le monafteres avec un grand appareil de
cierges, d’encens &c de pfalmodie. Il y eut depuis un
grand concours de peuple à cette églife , & il s’y fit
plufieurs miracles.
Ce fut à cette occafion que le prêtre Fortunat
compofa l’hymne célébré en l’honneur de la croix ,
qui commence par ces mots : VexilU Régis prodeunt.
Il étoit né en Italie près de Trevife , & avoit fait fes
études à Ravenne , où il s’étoit rendu fçavant dans
la grammaire, la rethoriqu'e &c la poétique. Aïant un
grand mal aux yeux , il fut guéri par l’huile d’une
lampe qui brûloir près d’un autel de faint Martin ,
& pour reconnoiilânce il quitta fon p a ïs , ëc vint à
Tours vifiter les reliques du Saint. Il fut bien reçu
par le roi Sigebert, & chéri de plufieurs grands & de
plufieurs faints évêques. De Tours il vint â Poitiers
auprès de fainte Radegonde , &: y paifa le refte de
fa vie , compofanc plufieurs poëfies à la louange des
évêques & de fes autres amis ,■& à l’occafion des
nouvelles églifes qu’ils bâtiffoient : il écrivit aufti
en profe les vies deplufieurs faints. Ses versfontaflez
harmonieux , & valent mieux que fa profe , pleine
B b b b i i j
Greg. gl.
S■
Paul. gefi. c. 15