
1 7 4 H I S T O I R E E c C L E S I A S T I QJTE.
V o ilà comment on emploie les patrimoines des rois
& des particuliers, qui fe font épuifez pour donner de
quoi foulager les pauvres.
Pour exciter le zele des évêques contre ces abus, il
ajoute f J’ai en main le glaive de Conftantin , & vous
celui de Pierre. Joignons les enfemble, pour purger le
fanétuaire. Il s’adrefte en particulier à Dunftan Si finir
en lui di-fant : Vous avez ici Ethelvoldeévêque de Vm-
ch e ftre ,& O fu a ld évêque de V orcheftre, j-e vous donne
à tous trois cette commiilion , afin que joignant en femble
l ’autorite épifcopale & la roïa le , vous chafliez
des églifes les prêtres qui la deshonorent par leur vie
$en.f. y ¡g. honteufe,pour en m ettre à la place de bien réglés. En ce
concile donc S. Dunftan ordonna par un décret folem-
n e l , que tous les chanoines, les prêtres, les diacres §£
les foudiacres gardaffent la continence ou q u itta ien t
leurs églife s,& en donna l’exeçution aux deux évêques
que le roi lui avoir marquez, & qui furent avec lui les
reftaurateursde ladifçiplinemonaftiqueen Angleterre,
XXXI E th elvo ld eéto it né à Vincheftrede parens chétiens
s.ËtHeyoidedc & vertueux du temps du roi Edouard le vieux. Il fu t
ymchdtrc. é levé ^ la cour du roi Edelftan, qui le donna à faint E L
gWÊm ■ fege évêque deVincheftre 5 & ce prélat quelques an-
nées après l’ordonna prêtre en même temps que faint
Dunftan & leur prédit à l’un ôc à i’autre qu'ils feroient
évêques Si de quels fieges. S- Ethelvolde fe retira à
s /.p.*. 18. Glaftemburi fous la conduite de S. Dunftan , & reçut
de lui l’habit monaftique. Là il étudia la grammaire Si
enfuite l ’écriture fainte Si les peres,ôc pratiqua la réglé
avec une telle ferveur , que l ’abbé Dunftan l'établit
ftoyen.
D u temps du roi Edred S. Ethelyolde voulut paifer
L I V p. E C I N Q_U A N T E - S I 'X I E’m EL
la mer, c’cft-à-dire,venir en France,pour fe perfe&ion-
11er dans la fcience des écritures Si l’obfervance monafti-
que : mais la reine Eduige mere du r oi , lui confeilla
de ne pas laitier fortir de fon roïaume un homme d’un
ii grand mérité, §c de lui donner pour le retenir un lieu
nomme Âbbcndon i ou il y avoir un petit monaftere
ancien , mais pauvre & négligé. Ethelvolde en f u t fe i.iM L
donc établi abbe du çanfentement de Dunftan vers
1 an 5)44. & fit venir de Corbie enFrance des hommes
parfaitement inftruits de ladifeipline monaftique. En-
fuite il envoïa le moine Q ig a r , qui l ’a voit filivi de
G la ftem b u r i, pour apprendre dans l ’abbaïe de Fleuri
fur Loire l’obfervance reguliere , Si Rapporter à A b -
bendon. Enfin le fiege de Vincheftre étant venu à vaquer,
le roi Edgar choifit pour le remplir l’abbé Ethel-
v o ld e , qui fut facré par l'archevêque Dunftan le pre-
mier dimanche de 1 Ay ent vingt-huitieme de Novembre
963.
Il trouva une grande corruption dans les chanoines
de la cathédrale, qu iétoien t glorieux , infolens & débauchez
; en forte que non feulement ilsprenoient des
femmes contie les loxx d e.leglife , mais ils les quit—
toient pour en prendre d’autres, s'adonnant fans celle
au vin & a la bonne chete. Le faint évêque commença
par eux à executer le décret du concile & l ’ordre du
roi. Car après les avoir avertis plufieurs fois de fe corriger
, voiant qu ils promettoient toûjours fans effet :
il fit venir des moines d’Abbendon pourmettreà leur
place. Comme ils étoient à la porte de l’églife prêts à
entrer, la meffe finiffoit, & l’on chantoit pour la communion
ces paroles du fécond pfeaume : Servez le Seigneur
en crainte , & ce qui fuit. Car c etoit le famedi
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