
A n. io n .
3 9 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
v e n t reproché vos crimes , qui ai nourri , revêtu 8t
racheté ceux que vous teniez captifs. Ils le prirent
auffi t ô t , lui ferrerent la gorge , pour l’empêcher d’en
dire dav an ta g e , lui lièrent les main s, lui déchirèrent
le vifag e de leurs ongles , lui donnèrent dans les cotez
des coups de poing 8c de pied, ils brûlèrent l’églife ,,
Si paffierent le peuple 8c le clergé au fil de l’épée, ne ré-
fervant que le dixième; enforte qu’il nerefta que quatre
moin e s , 8c qu a tre -vin g t hommes feculiers. Ils laifi
ferent aller Elmer abbé de fa in t'A u g u ftin , mais ils
prirent Godoüin évêque deRocheftre,8c Leofrune ab-
beife de fainte Mildrithe.
Ils tinrent S. Elfege fept mois dans une étroite prb
fon : mais la maladie fe.mit dans leurs troupes, 8c en
peu de tems.il en mourut deux mille , avec de grandes
douleurs d’entrailles. Excitez par Les Chrétiens qui re-
g ard o ien tcem a l comme une punition di vine , ils v in rent
demander pardon à l’archevêque, & le tirèrent de
prifon. Il leur dit : Quoique vous ne méritiez point de
g r â c e , nous devons imiter l’exemple du Sauveur, qui
lav a les pieds, même au difciple qui l ’alloix trah ir, releva
ceux qui venaient le prendre après les avoir ter-
ra ffe z , 8c pria pour ceux qui l’avoient crucifié. A y an t
ainfi pa rlé, il bénit le p a in , dont il leur donna à mang
e r à tous,& ils furent d éliv rez de cette calamité. Alors
ils lui envoïerent quatre de leurs c h e f s , qui le remercièrent
de la grâce qu’il leur avoit faite : mais ils ajoû-
te r e n t , que s’il vouloir jouir de la vie 8c de la lib e r té ,
il leur païât trois mille marcs d’or. Comme il le refufa,
ils le lièrent de nouveau , 8c lu i donnèrent la queftion
avec des tourmens inoüis , le propre jour de Pâques
tre izième d’A v r il r o i t . puis ils le remirent en ptifon.
L i v r e c i n q u a n t e - h u i t i e ’me : 397
Le famedi fuivant ils l'en tirè ren t, 8c l'aïant mis fur
Un ch e v a l, le m enèrent avec une troupe degensarmez
pour le juger. Ils lui d irent : Païes-nous l’or que nous
demandons, fi tu ne veux être aujourd’hui donné au
monde enfpedfacle. Il répondit: Je vous propofe l’or
de la fageffe , qui eft de quitter votre fuperftition , 8c
vous convertir au vrai D ieu . Si vous vous obftinez à
méprifer mon c o n fe il, vous périrez plus raalheureu-
fement queSodome , 8c ne prendrez point racine en
ce pais. Alors ils fe jecterent fur l u i , l ’abattirent à
terre : le frappant du dos de leurs haches , le chargeant
de pierres , d’os ôc de têtes de boeufs. Il fe mit
à genoux , 8c pria pour eux : puis étant tombé il fe rele
v a , 8c recommanda fon égîife au bon pafteur. Enfin
un Danois qu’il a vo it confirmé la v e ille , par une
eompaffion barbare, pour Pempêcher de languir davantage
, lui donna fur la tête un coup de hache donc
il mourut. C ’étoit le famedi de la femaine de Pâques
dix-neuvième d ’A v r il l’an i o i z . Il avoir é té fix ans archevêque
de Cantorbery, 8c en avoir vé cu cinquante-
huit. Les chefs des Danois vouloient faire jetter ion
corps dans la riviere ; mais ceux qu’il avoit convertis
& qui étoient en grand n om b re , v in ren t à main ar-
m é e le rev en diquer, 8c il fit plufieurs miracles. Les ha-
bitans de Londres l’aïant appris , le rachetèrent pour
une groífe fomme d’argent, 8c l’enterrerent chez eux:
mais dix ans après il fut transféré â Cantorbery L’ég
life 1 honore comme martyr le jou r de ià mort.
La memeannee l o i i . l égliiècathédrale deBaroberg
étant achevée,le roiHenri la fie dédier folemnellement
le jour de fanaiftance fixieme deMai. Il.s’y trouva plus
de trente-fix évêques avec Jean patriarche d’Aquilée
D d d iij
A n . 10 i l .
Vita ». 13.
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Gcion archevêque
de Magde*
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D itm . lib. 6• pc-
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