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S . M a y e u l a b b é .
V ita f e r Syr, l t 3 .
1S4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .1
r ie r , qui s’étant profterné , il lui fit un forte réprimande
, & lui impofa la penitence- qu’il voulut. Puis
il quitta le fiege, 3c ordonna à Mayeul de le reprendre
: à quoi il obéît aufli-tôt. On voit en cet exemple
la vigueur d’Aimard , qui paifoit pour homme fimple,
& l’humilité de Mayeul.
Aimard mourut,comme l’on croit, l’an 9 65. & Mayeul
gouverna feul l’abbaïe de C lu gn i pendant près de trente
ans. La lecture des livres faints faifoit fes d élices, en
voïage même 8c à cheval il avoit le plus fouvent un livre
à la main. Il ne méprifoit pas toutefois les philofo-
phes 3c les auteurs profanes , pour en tirer ce qu’il y
trouvoit d’utile. Il ne cedoit à perfonne dans la con-
noiiïance de la difcipline monaftique,des Canons & de;
Joix. Il joign o ità la doétrine une grande facilité de pan
1er ; 8c on le cou to it avec plaifir quand il faifoit quelque
1 difçours de■ morale.
Comme il avoit gardé la vir
g in ité ,il avoit grand foin de conferver
>1
1 pureté de fes
moines. Il reprenoit les fautes avec ze îe , mais enfuitç
il adouciiToit la correéfion par tous les moïens poiïï-
bles. Plufieurs hommes riches & puiflans touchez de
fes exhortations, embraiferent la vie monaftique 3c
augmentèrent confiderablement la communauté de
C lu gn i ; fans que l’union y fût altérée par la diverfité
des nations. L ’abbé Mayeul cherchoit toujours la retraite,
même dans les voïages -, 3c priofi avec un telle
çomponétion , que le plus fouvent on trouvoit la terre
trempée de fes larmes. Il déplorait fçs moindres fau tes
comme des crimes.
Ij. avoit auifi le don des miracles. Etant allé par dévotion
au Puy en V e lla i vifiter l’églife de Notre-Dame,
entre plufieurs pauvres qui lui demandoient l ’aumône,
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L i - v r e c i n q j i a n t e - s i x i e ’me. iS-j
il vint un aveugle, qui dit avoir eu révélation de faint
Pierre , .qu’il recouvrerait la vûë en lavant fes yeux
de 1’ eau dont l’abbé Mayeul aurait lavé fes mains. L ’abbé
le renvoia avec une forte réprimandé ; 8c fçachant
qu’il avoit demandé de cette eau à fes domeftiques, il
leur défendit avec menaces de lui en donner. L ’aveugle
ne fe rebuta point, mais après avoir été refufé plusieurs
f o i s , il attendit l ’abbé fur le chemin , prit fon chev
a l par la bride , 3{ jura qu’il ne le quitterait point
qu’il n’eut obtenu ce qu’il demandoit. Et afin qu’il n’y
eût point d’excufe, il portoit de l ’eau dans un vaiiTeau
pendu à fon cou. Le faint en eut pitié, il defcendit de
ch e v a l, bénit l ’eau félon M a g e de .l’églife, en fit le.fî-
gne de la croix fur les yeux de l’aveugle, puis avec les
aififtans fe mit a genoux, & pria la fainte Vierge avec
larmes. A van t qu’il fe fut relevé , l’aveugle recouvra
la vue. Syrus auteur delà vie du fa in t , dit avoir appris
ce miracle de ceux qui en furent témoins. Dans une
terre de l ’abbaïede C lu gn y , un païfan s’étant fait donner
fecretement de l’eau dont l’abbé avoit lavé fes
paains ', en lava les yeux de fon fils aveugle , qui recouvra
la vûë aulîî-tôt. Le faint homme l’aïant f ç û ,
fa ifo it depuis répandre en fa prefence l’eau dont il s'é-
îoit lavé : mais on ne lailfoit pas de lui en dérober qui
gueriifoit les malades, O n raconte de lui plufieurs autres
miracles.
Il augmenta confiderablement les biens temporels de *
Ç lu g n y , & en étendit l’obfervance à plufieurs monaf- 7II'.”'
te re s , qu'on le chargea de reformer en France 3ç ailleurs.
L ’empereur Otton le grand,connoiílant fon mérité
par le rapport de plufieurs perfonnes,defiroit ardemment
de le voir. Çar J,çs foins de l’état ne l’empêchoient
Tome X I h * A a