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nouvellement établie en Hongrie. Il mourut le quîn-
ziéme d’A o û t i o 38. jour de l’Aiïomption de la lainte
Vie rg e , & fut enterré dans l’églife qu’il lui a vo itfa it
bâtir à Aide-Royale : mais s’y étant fait plufieurs miracles,
fon corps fut élevé quarante-cinq ans après, & là
fàinteté reconnue par un culte public. L ’égliiè l’ho-
nore le vingtième d’A o û t , jour delà tranllation.
L ’hermite Gunther ou Gônthier, dont il vient d’être
pa rlé, étoit un feigneur de Turinge, illuftre par là naift
lance & fa dignité, qui touché du repentir des péchés
de là jeunefle , alla trouver làint Godehard , depuis
peu abbé d’Hersfeld, & enfuite évêque d’Hildesheim,
Gunther lui découvrit le fond de là confcience , 8ç
l’abbé lui perfuada d’embralTer la vie monaftique. Il
renonça à fes biens qui étoient grands, & les donna
au monaftere d’Hersfeld du contentement de fes heri-
tiers : le refervant toutefois pour làlubfiftance, le monaftere
de Guelingue, dont il jouiffoit étant lèculier,
fuivant l’abus de ce tems-là : ce qui fut caulè que l’abbé
différa quelque tems là profeffion. Après l ’avoir
faite dans le monaftere d’Altaha foûmis au même abbé
, il a lla, par là permilîion, demeurer à celui de Gue-
lingue, qu’il s’étoit relèrvé. Mais comme i ln ’etoitaccoutumé
ni à la pauvreté ni au travail, il trouvoit de
grandes difficultés dans le gouvernement de cette mai-
io n , & v en o itfo u v en t demander confeil à l’abbé G o dehard
: qui lui dit enfin d’un ton ferme & fevere: qu’il
fe loûmît à l’obéïlîànce & à la Habilité qu’il avoit pro-
mife à Dieu, ou qu’i l quittât l’habit & retournât dans
le fiecle. Il en parla même à l’empereur làint H en r i,
qui fit venir Gunther & luireprefenta fortement, qu’il
ne pouvoit feryir deux maîtres:ainfi il abandonna Gue-
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lingue, & revint à Altaha le ranger à la vie commune.
Il s’y diftingua bien-rôt par la ferveur ôelonaufte-
rité,enlbrte que faint Eftienne roi de H ongrie fon parent
en entendit parler , & defira ardemment de le
voir. Il envoïa deux fois inutilement l’en prier : enfin
Gunther fe rendit à la troifiéme ; & avec la permilîion
de fon abbé, il alla avec les envolez du ro i, qui le reçut
avec une extrême joie. Il le fit manger à fa table,
mais il ne put jamais lui perfuader de manger de la
Viande;
Enfuite le làint homme fe retira par la permilîion
de fon abbé, avec quelques moines d’Altaha, dans un
delèrt des forets de Bohcme, ou il fonda un hermitage
ou nouveau monaftere l’an 10 0 8 .& y demeura trenfe-
lèpt ans. Lui & lès dilciples vivaient dans une extrême
pauvreté; leur nourriture étoit groffiere, ils ne
buvoient que de l’eau, & encore par mefure. Gunther
qui les g o u v e rn o it, étoit un homme fans lettres, qui
n’a vo it rien appris que quelques pfeaumes;mais il avoit
été fi attentif aux leCtures de la lainte écriture, & aux '
dilcours des autres, que ibuvent il en expliquoit les
fens les plus myfterieux, tantôt en fouriant, tantôt plus
ferieufement; enforte qu’il fe faifoit admirer. L ’auteur
de là vie dit avoir oüi de lui un difeours fur S. Jean-
Bapt-ifte, qui tira les larmes de tous les alîiftans. Il mourut
le neuvième d Oélobre 1043". & eft compté entre
les làints.
CependantMicillasroi de Pologne étant mort l ’an x x x ix .
1034, & ion fils Cafimir étant encore trop jeune pour iudTpoiogne?
gouverner , il y eut fept ans d’interregne, ou plutôt
d anarchie. Rixa, veuve du dernier roi, devenue odieu-
lè , le retira en Saxe, fous la protection de l’empereur