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e. le
130 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
& aux cardinaux la caufe de votre abfence -, ils ont
avancé contre vous des chofes fi honteufes quelles fe-
roient indignes de gens de theatre. Tous tant clercs
que laïques vous ont accufé d’homicide, de parjure ,
de fa c r ileg e , d’incefte avec vos parentes & avec deux
foeurs, d’avoir bû du vin pour l’amour du diable , &
d’avoir invoqué dans le jeu Jupiter , Venus & les autres
démons. Nous vous prions donc inftamment de
venir vous juftifier fur tous ces chefs. Si vous craignez
l ’infolence du peuple , nous vous promettons avec ferm
en t, qu’il ne fe fera rien que félon les canons. La
datte étoit du fixiéme de Novembre. Le pape aïant
lû cette lettre , répondit par é c r i t , s’adreifant aux évêques
: Nous avons oui dire que vous voulez faire un
autre pape ; fi vous le fa ite s , je vous excommunie
de la part de Dieu tout - p u iffan t, enfortc que vous
n ’aïez le pouvoir d’ordonner perfonne , ni de celebreï
îa meife.
Ce tte réponfe fut lûë dans la fécondé feiïion du concile
tenue plus de quinze jours après la précédente, Ravoir
le vingt-deuxième de N o v em b re ,o ù fe trouvèrent:
Henri archevêque deTreves &c les évêques d eM o d en e ,
de T o rton e & de Plaifance, qui n’avoient pas été à la
première feffion. D e leur avis on écrivit une fécondé lettre
au pape, portant en fubftance : V ou s n’avez rien répondu
de folide à notre première lettre ni envoie des
députe z, comme vous d e v ie z , pour dire vos raifons. Si
vous venez au concile pour vous juftifier, nous déférerons
à votre autorité; mais fi vous refufez d’y venir fans
avoir d’empêchement ni d’exeufe légitimé , nous mé-
priferons votre excommunication , & la retournerons'
contre vous-même. Judas avoir reçu avec les autres apô-
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très le pouvoir de lier & de délier ; mais après fon crime
il ne put lier que lui-même. Si les évêques vouloient
dire, que le pape eût perdu par fes crimes le pouvoir
des c le fs , c’eft une erreur manifefte. Adrien cardinal
prêtre & Benoît cardinal d ia cre, furent chargez de
cette fécondé citation , & étant arrivez au T ib re ils ne
trouvèrent plus le pape Jean, qui s’en étoit allé dans la
p la in e , portant un carquois ; & perfonne ne put leur
dire où il étoit.
Ils rapportèrent donc la lettre au concile aiTemblé
pour la troifiéme fois. On de voit félon les réglés , en-
voïer une troifiéme citation ; mais peut-être la regarda
t-on comme une formalité in u t ile , ne fçaehant où
i ’adreifer. Q u o i qu’il en f o i t , l'empereur parla ainfi :
Nous l’avons attendu pour propofer nos plaintes contre
lui en fa prefence. Mais comme nous fçavons certainement
qu’il ne viendra p o in t , nous vous prions de con-
fiderer fa perfidie. Etant opprimez par Berenger & Adal-
bert révoltez contre nous , il nous a envoie des députez
en Saxe , nous priant pour l’amour de Dieu de venir
en Italie , & de le délivrer de leurs mains. Vous voïez
ce que j’ai fait avec l’aide de Dieu. Cependant oubliant
la fidélité qu’il m’avoit jurée furie corps de faint Pierre,
il a fait venir à Rome le même A d a lb e r t, il l ’a foutenu
contre m o i , a fait des féditions , & à la vûë de mes
troupes il eft devenu ch e f de gue rre, & s’eft revêtu
d ’une cuirafle & d’un cafque. Que le concile déclaré ce
qu’il ordonne.
Le concile dit : Il faut un remede extraordinaire
pour un tel mal. Si par fes moeurs corrompues il ne nui-
foit qu’à lui-même , on devroit le tolerer ; mais combien
fon exemple en a-t-il perverti d’au tre s } Nous
R i j
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vit.
J e a n d é p o f é .
L é o n Y l i i . p a pc *