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554 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
t.»a. pQfa fortement à Heimon fon é v ê q u e , qui emploïant
sl5' fes richeiles à rebâtir les murs de la v ille , vouloit y
comprendre le monaftere de faint Vannes : l’abbé R i chard
lui reprefenta, qu’ il ne convient pas aux m oines
d’être renfermés dans les villes , de peur que leur
repos ou leurs prières noéturnes ne fo ient troublées par
le bruit & les cris d ép eu p le . L’évêque , qui comme
grand feigneur ne fouffroit pas aifément de contradiction
, demeura ferme dans ion deffein : & 1 abbe eut
recours à l’empereur H e n r i, qui envoia ordre à 1 éve-
que de ne point paiTeroutre. il en eut du dépit, & 1 abbe
cédant à fon in d ign a tion , fe retira a Rermremont, ou
il paifa cinq ans en retraite. Pendant ce tems il fit deux
miracles : un lepreuxfut guéri, pour être entre dans le
* bain après l u i , & un aveugle recouvra la v u e , aïant
lavé fes yeux de l’e au , dont le faint abbé avoit lav éfes
mains. L’évêque en aïant oiii parler fut touché de repentir
, &c l’envoïa prier de revenir à fon monaftere:
à quoi il obéît.
L ’abbé Richard entreprit enfuite le pelerinage deje -
rufalem, qu’il defiroit ardemment depuis long-tems ;
, 550. Se le duc de N o rman die, qui l’aimoit tendrement, fit
les frais du v o ïa g e , qui furent grands-, car l'abbé mc->
na avec lui jufques àfeptcen s p e le r in i, 8e les défraïa
tous. Etant arrivé à C P. il y iéjourna quelques tem s ,
pour v ifiter les lieux de dévotion, Si fa réputation v in t
bien tôt aux oreilles du patriarche Si de l’empereur.
Ils voulurent l’entretenir l’un Si l’autre : l’empereur lui
fit de riches prefens, Si le patriarche lu i donna plu-
fieurs reliques, entre autres de la v ra ïe croix. Quand
il fut fur les terres des infidèles, il continua comme il
a yo it accoutumé tousles jours , de dire l’office pendant
L i v r e c i v q j j a n t e - n e û v t e ' m e : 555
le ch em in, 8e même de c e leb re r lam e ffe :c eq u ’il fai-
foit hors des v i l le s , mais quelquefois tout proche de la
m u ra ille , fans fe mettre en peine des infultes des infidèles,
qui lui jetto ient quantité de pierres : enforte que
ceux de fa fuite etoient obligés de fe retirer hors la portée
de leurs coups. Pour lui il demeuroit ferme jufques
a ce qu il eut a chevé le faint facrifice, fans que jamais
il fut a tteint d aucune pierre. Les infidèles eux-mêmes
en etoient fu rp r is , Se venoient l’accompagner avec
honneur quand il partoit.
Etant arrive ajerufalem ,i lv i f i t a tous les faints lieux
avec une extrême tendreffe de dévotion. Il y paifa la
femaine fainte;8e le famedi affifta a la ceremonie du
feu nouveau, que l’on croïoit dès-lors defcendrg par
miracle au faint fepulchre.il fe baigna d anslejourdain,
& vifita toute la terre fainte. Le patriarche de Jerufa-
lem, qui l'a vo it reçu avec grand honneur , le renvoïa
chargé de quantité de reliques. Paffant à Antio ch e à
fon retour , il prit avec lui le faint moine Simeon ,
comme il a ete dit ; 8e enfin après un fi lon g voïage
il arriva a V e rd u n , où il fut reçu a ve c une joie in-
croïable.
Heimon évêque de Verdun étant mort l’an 1014.
fon fu c c e ifeu r fu tR am b e r t, qui tint le fiege quatorze
ans ; 8e ce fut après fa mort que le roi Henri le noir ,
la première année de fon regne , c ’eft-à-dire l’an 1039.
donna l’évêché de Verdun à l’abbé Richard ; mais il
le refufa, & fit ordonner â fa place Richard fon filleul,
fils du comteHildrade. Le faint abbé qui étoit déjà
fort â g e , furvêcut encore fept ans, 8e mourut le qua-
torziemed e Juin 1046. On enterra avec lui lesreliques
q u ’il portoit fur fa poitrine.