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Réforme deFef.
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Vitet Gui II, aStu
SS.Ben.f&Ç' 6.p,
14- J*l»
3 7 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
donnât l’exemple de violer les canons , qui défendent
a un évêque de rien entreprendre dans le d io cefed’un
autre fansfon confentement. L e jou r de la dédicace fut
marqué dans le mois de M a i , il s’y trouva un peuple
innombrable : mais il n’y eut d 'évêques, que ceux de la
domination du com te , & malgré eux. La ceremonie
étant frite , le jour même, vers l’heure d en o n e ,le tems
qui étoit fort beau changea tout à coup -, &c il vin t un
orage fi fu r ieu x , qu’après avoir long tems fecoiié la
nouvelle é g life , il emporta le toit avec toute la charpente.
C e t accident fut regardé de tout le monde comme
une punition de l’a tten ta t, contre ladifcipline d e
Téglife. C ar encore que la d ignité du fiege apoftolique
rende le pape le plus refpeètable de tous les évêques du
m o n d e , il ne lui eft permis en rien de violer les canons ;
Sc comme chaque évêque eft l’époux de fon é g liie , dans
laquelle il reprefente le Sauveur; il ne convient à aucun
évêque fans e x c ep tio n , de rien entreprendre dans le
diocefe d’un autre. C e font les paroles de Raoul Glabert
hiftorien du tems, qui toutefois étant m oine de C lu gn i
ne reconnoifloit pour fuperieurs que fon abbé& lepape.
Rich a rd I. duc de Normandie entreprit de rétablir
l’abbaye de Fefcam, fondée pour des religieufes dans
le feptiéme fiecle, puis ruinée parles No rman spayens ,
& alors occupée par des chanoines déréglés.Le duc R i chard
envoïa donc à Clu gn i p rier faint M a y e u l, qui en
é to it alors abbé , de venir rétablir ce monaftere. Le
faint abbé rép o n d it, qu’il en trep ren d ro itc e v o ïa g e ,à
condition que le duc aboliroitpar tout fon duché le
droit de panage , qui fe prend pour mener les porcs
paître dans les forêts, & qu’il ne permettroit à aucun
des feigneurs fes vaiTaux de l’exiger. Le duc ne ju g e a
L i v r e c i n q j j a n t e - h u i t i e 'm e ; 371'
pas à propos d’accepter cette condition, ôc l’affaire de-,
meura pour lors.
Apres la mort de faint Mayeul, le duc Richard aïant
oiii parler du mérite de Guillaume fon difciple , abbé
de faint Benigne de Dijon : lui envoïa des d ép u té s ,
pour lui faire lameme p r ie re ,d e v ehir à Fefcam établir
un monaftere félon la réglé de faint Benoît. L ’ab-
be Guillaume répondit : M e s en fan s , nous avons oiii
dire, que les ducs des Normansfont des hommes bar-,
bar es & feroces, qui loin de bâtir des églifes & des mo-
n a ftercs, les abattent & difperfent les moines. Retourne
z donc a vo tre d u c , & lui d ite s , que nous n’avons
aucuns préparatifs pour une telle entreprife ; & que
nous manquons de ch e v au x , pour nous monter,nous
& no s fre re s , & p o u r porter notre bagage.
Sur cette réponfe, le duc craignant de manquer fon
d e ffe in, en voïa quantité de chevaux , & l’abbé confi-
derant fape r fev e ran ce , partit avec un grand nombre,
de fes moinei pour l’aller trouver. Le duc le r e ç û t ,
comme s’il eût reçû Jefus-Chrift même, & le ferv it de
fes propres mains. Il chafla de Fefcam les chanoines
fe cu lie r s , & donna ce monaftere dédié à la fainte »Trinité
a l’abbé Guillaume & à fes moines. C ’étoit l’an
1001. le duc Richard le v ieu x , mourut Tannée fui-
vante , Sc fut enterré dans Téglife de ce monaftere. p»<*./. is».
Son fils Richard II. lui fucceda , & n’eut pas moins
d affeéfion pour 1 abbé Guillaume, & pour la maifon de
Fefcam. Souvent ilfe rv o it à table les moines, & s’af-
feoit enfuite auprès d’eux à lad e rn ie re place. Pour les
mettre plus en liberté de maintenir leur obfervance, il
aifembla a Fefcam les évêques & les feigneurs detoute
la N ormandie ; & fit déclarer ce monaftere exempt
A a a ij