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^72 H i s t o i r e E c c l e s i a s t iq u e .'
Eniuite le diacre Pierre, promoteur du con c ile , attaqua
l’évêque de Langres ; l’acculànt d’avoir obtenu
ion évêché par fimonie, vendu les ordres fàcrez, porté
les armes, commis des homicides, des adultérés &;
des impietez encore pires, & traité tyranniquement fon
clergé. Ces crimes étoient prouvez par plufieurs délateurs
prefens ; entre lefqucls étoit un clerc qui aiTura
que lorfqu’il étoit encore laïque , l’éyêque lui avoit
enlevé là femme de fo r c e , 8c après en avoir abufé l’a-
v o it fait religieufe. Iliè trouva auiii un prêtre, qui le
plaignoit que l’évêque l’avoit pris & livré à fes iàtel-
lites ,qui l’avoient tourmenté d’une maniéré honteuiè
8c cruelle , enforte qu’ils avoient extorqué de lui dix
livres de deniers.
Sur ces plaintes l’évêque de Langres demanda per-
lïiiiïïon de prendre conièil 5 & l’ayant obtenue, il ap-
pella les archevêques de Beiànçon & de L yon , conféra
iècrettement avec eux , & les pria d’être lès avocats ;
mais l’archevêque de Beiànçon voulant entreprendre
ià défeniè, perdit tout d’un coup la parole ; ce qui fut
regardé comme une punition divine de l’évêque de
L an gres, qui la veille avoit accule & fait condamner
l’abbé de Poutieres moins coupable que lui. L ’arche-
vêque de Befançon ne pouvant parler, fit ligne à celui
de L yo n de le faire à ià place. Il dit que l’éyêque de
Langres avoüoit qu’il avoit vendu les iàints ordres, 8c
extorqué à ce prêtre la fomme marquée ; mais non pas
qu’il l’eût fait tourmenter de la maniéré qu’il difoit ; 8c
qu’il nioit abfolument tout le refte. Le pape vo y an t
que la difcuiïion de cette affaire ne pouvoit être achevée
, ce jour-là, parce que la nuit approchoit ; fit feulement
lire les canons touchant ceux qui vendent les
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iâints ordres, particulièrement le fécond canon du concile
de Calcédoine, 8c congédia l’affemblée.
Le lendemain cinquième jour d’Oétobre , on tint
la troifiéme ie ffion, o ù le diacre Pierre d i t , qu’il fal-
loit commencer par oü avoit fini la précédente. L ’évêque
de Langres ne fe trouva point.; le promoteur du
concile l’appella trois fois de la part du pape 5 on envo
y a même à ion logis les évêques de Senlis & d’A n gers
, pour le ramener au concile , s’ils le trouvoient.
En attendant leur re to u r , le promoteur s’adreffa à
ceux qui ne s’étoient pas encore purgez du ib upçon de
fimonie. L ’évêque de Nevers confeifa, que fes parens
avoient donné beaucoup d’argent pour cet évêché ,
mais à fon infçû; que depuis qu’il en,étoit pourvû, il
avoit commis plufieurs fautes ¡contre les réglés de l’é-
gliiè , qui lui faiioient craindre la vengeance divine.
C ’eft pourquoi il déclara, que fi le pape 8c le concile
le trouvoient bon , il aimoit mieux renoncer à là dignité
que de la garder au préjudice de foivame. Ayant
ainfi pa rlé, il jetta ià croifê aux pieds du pape ; qui
touché de ion repentir, & a v e c l’approbation du concile
, le fit jurer que cet argent avoit été donné iàns
ion conièntement ; 8c lui rendit les fonctions épiico-
pales, avec une autre croiTe.
Cependant on apporta un titre , par la leéture duquel
il parut que l’abbaye de Mouftier-en-Der appar-
tenoit à l’archevêque de Reims. Ceux qui avoient été
envoyez chercher l’évêque de Langres, dirent, que la
crainte de l’examen defès crimes,lui avoit fait prendre la
1 fuite,alors le pape fit lire les autoritez des perës,& par le jugement de tout le concile l’éyêque fut excommunié.
Sur quoi l’archeyêque de Beiànçon déclara comme il
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A n. 104g.
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LXIII.
Troifiéme fef-
fion.